Annoncée depuis juin dernier, la démolition des habitations situées dans les zones dangereuses, sur les ouvrages d’assainissement, ou obstruant le passage de l’eau n’a pas encore démarré. Les ivoiriens craignent que ce ne soit un effet d’annonce.
A l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire du 30 juin dernier, le président de la République, Alassane Ouattara, ordonnait la destruction des habitations implantées sur les voies d’eau ou qui les obstruent. Les détails de l’opération avaient ensuite été donnés par le porte-parole du gouvernement, Sidi Tiémoko Touré. «Sur la question du délai de destruction, il y aura un minimum de procédures qui seront respectées. Mais pour les cas les plus flagrants, il sera procédé à une destruction immédiate en informant les personnes concernées par les infrastructures mises en cause. Les choses vont aller très vite relativement à cette instruction du président de la République ».
Depuis, plus rien Une décision consécutive à l’éboulement survenu le 18 juin à Anyama et les inondations dans plusieurs communes qui ont occasionné une vingtaine de décès et plusieurs dégâts matériels. Près de deux mois après, l’opération de démolition n’a pas encore démarré. « Les démarches ont déjà été entreprises pour informer tous ceux qui sont concernés. Les mises en demeure vont suivre. Et ceux qui doivent être dédommagés le seront. Mais nous donnons le temps aux populations de se préparer », rapporte un proche collaborateur du directeur général de l’Office national de la protection civile (ONPC), impliqué dans le processus. Sont concernés, les quartiers huppés tels que la Riviera Palmeraie et Bonoumin. Dans ces zones, plusieurs constructions se sont faites sur des ouvrages d’assainissement. Malgré les démolitions de 2014, la Riviera Rue ministre est dans le collimateur. Idem pour Abobo-Nord, Yopougon. Attécoubé également n’est pas épargné, avec Agban-Attié, Attécoubé 3 et Santé 3. « Il faut y aller avec la manière forte », note l’adjoint au maire d’Attécoubé, Salif Coulibaly chargé des questions de salubrité. M. Coulibaly craint que les démolitions ne soient reportées jusqu’à la prochaine saison des pluies. Voire annulées. Une situation qui pourrait remettre les gouvernants face à leur laxisme et les amener à agir à nouveau dans la précipitation en déguerpissant des personnes en pleine saison de pluies. Cela a pour conséquence de créer d’autres problèmes de logements ou encore de déplacer le problème sans pour autant y apporter une solution définitive.
Raphaël TANOH