Si les autorités ivoiriennes manquent de chiffres pour dépeindre avec exactitude l’ampleur des viols dans le pays, toutes sont unanimes : le phénomène gagne du terrain.
Le 7 avril 2021, Sarah Gandon a rendez-vous dans une résidence avec un homme avec lequel elle échange depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Au cours de cette rencontre nocturne, elle est violée puis étranglée. Son meurtre va choquer le pays. Fin juin, c’est le tribunal militaire d’Abidjan qui jugeait un militaire accusé de plusieurs viols. C’est peu de le dire, depuis quelques années, les viols en Côte d’Ivoire gagnent en ampleur. Selon Sylvia Apata, Présidente de l’ONG Citoyennes pour la promotion et la défense des droits des enfants, femmes et minorités (CPDEFM), une étude menée en juin et juillet 2020 dans les communes d’Abobo, Anyama, Attécoubé, Koumassi, Treichville et Yopougona a relevé 1 121 cas. Et ce ne sont que les viols signalés.
Absence de consentement
D’après Désirée Gnonsian Dénéo, Secrétaire générale de la Ligue ivoirienne des droits des femmes, la moyenne d’âge des filles victimes de viols en Côte d’ivoire oscille entre 2 et 70 ans. « Les femmes sont violées à tous les âges. Nous avons même eu le cas d’une mamie», note-t-elle. Avant de souligner : « j’insiste sur la définition du viol. C’est l’absence de consentement dans l’acte sexuel. Une femme au foyer peut être victime de viol. Dès lors que la femme dit non et que le monsieur insiste, c’est du viol. C’est cela le viol conjugal », note Désirée Gnonsian Dénéo. Les raisons de cette hausse des viols ? Au cours de son enquête de 2020, la CPDEFM avait pointé de l’index la pandémie à coronavirus comme un facteur qui avait accéléré les choses. Au niveau de la Ligue ivoirienne des droits des femmes, on cite plusieurs causes. Entre autres, la faiblesse dans la répression et le refus pour les femmes de dénoncer leurs violeurs. Une situation qui donne lieu à des viols en nombre. « L’année dernière, on a eu un pédo-criminel en série. On a pu le faire mettre derrière les barreaux grâce aux vidéos de ses ébats avec des enfants. Étant donné que ces cas ne sont pas très médiatisés, on croit qu’il n’y en a pas ici ou que ce sont des cas isolés », note-t-elle.
« Les femmes sont violées à tous les âges. Nous avons même eu le cas d’une mamie ».
Raphaël TANOH