Coronavirus : Côte d’Ivoire, le pire est-il passé ?

Le Ivoiriens banalisent de plus en plus le coronavirus.

A la date du 30 août dernier, la Côte d’ivoire comptait 55 nouveaux cas de covid-19, portant à 17 948 le nombre total de cas confirmés, dont 16 553 guéris et 115 décès. Avec un taux de létalité fixé à 0,6% et un taux de guérison porté à 92%, la pandémie du coronavirus ne fait plus peur aux Ivoiriens. « Les gens ont remarqué que la maladie ne fait rien lorsqu’on n’a pas de graves antécédents médicaux. Ils suivent la télévision et au fil des semaines, on réalise que le nombre de personnes décédées depuis l’arrivée de la maladie en Côte est très faible », indique Marius Comoé, président du conseil national des organisations de consommateurs de Côte d'Ivoire (CNOC-CI). En témoigne la conseillère technique du ministre de la Santé et de l'Hygiène publique, Dr Édith Kouassy. Dans un récent point presse, Dr Kouassy a déploré la faible fréquentation des centres de dépistage de la pandémie au nouveau coronavirus par les Ivoiriens depuis quelque temps. « Nous avons entre 700 et 1000 prélèvements par jour alors que nous étions à près de 2000 il y a quelques jours », s’est désolée la spécialiste. « Les gens ne suivent plus les mesures barrières, malgré les efforts du ministère de la Santé et de l’hygiène publique. On est arrivé à une banalisation de la maladie », assène Marius Comoé. « Plus on dépiste, plus on a des possibilités d'avoir des cas positifs. Vous pouvez constater que ces deux dernières semaines, le nombre d'échantillons a baissé considérablement par rapport aux semaines précédentes », détaille Dr Edith Kouassy.

 

Personnel de santé

 

Au sein du personnel de santé, les autorités ont prolongé les primes covid-19 censées durer trois mois. Mais pour beaucoup, il y a un certain relâchement dans les hôpitaux. « Il n’y a plus la psychose du début. C’est ce qui faisait craindre la maladie. Après avoir vu ce qui s’est passé ailleurs, les Ivoiriens et les africains craignaient une hécatombe. Mais après environ 7 mois, il n’y a rien eu de tel. Les gens ont vu que la maladie était presque inoffensive », explique Vazoumana Sylla, secrétaire général sortant du syndicat national des préparateurs et gestionnaires en pharmacie de Côte d'Ivoire (synapgpci), membre important du bureau de la Coordisanté. La pression est retombée dans les hôpitaux. A tort ? Tout porte à le croire. Car, selon Dr Guillaume Akpess, secrétaire général du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d'Ivoire (Synacass-CI), il faut éviter banaliser la maladie. Ailleurs, dit-il, on assiste à une recrudescence de la covid-19. Il exhorte les Ivoiriens à poursuivre les tests. En la matière, le modèle en Afrique de l’ouest reste le Ghana, avec 370 000 tests, rien qu’entre mars et la mi-juillet, là où la Côte d’Ivoire totalise 108.862 prélèvement depuis le début de la pandémie.  Cependant, avec 44 200 cas, 42 777 guérison, 276 décès, le Ghana affiche le même taux de décès que la Côte d’Ivoire et un meilleur taux de guérison : 96%. Flanqués des plus faibles taux de prélèvements, des pays comme le Mali (environ 3000 cas) et le Burkina Faso (autour de 1 300 personnes infectées), affichent au contraire des taux de décès élevés. 4,2% pour le premier et pour le second. Le Sénégal (19 000 cas) qui était dans les débuts l’un des élèves modèles, est passé derrière dès lors que le nombre de tests a baissé. 2% de taux de décès et 67% de taux de guérison. En fin de compte, en Afrique, plus en test, plus les chiffres sont bons.  

Raphaël TANOH

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