Déguerpissement : faut-il fermer les yeux ?

Débutée en février dernier, la démolition des sites à risques à Abidjan prend de l’ampleur. La question du sort des populations est éclipsée par la nécessité de sauver des vies.

Bracodi, Azito, N’dotré, corridor d’Anyama, route du zoo, autoroute de Yopougon, etc. Les bulldozers détruisent depuis quelque temps, quartiers précaires et magasins, situés aux abords des grandes artères. Ces déguerpissements, comme l’indique le District Autonome d’Abidjan, s’amplifieront dans certaines localités d’Abidjan, et concernent « cent soixante-seize (176) sites, dont soixante-dix-sept (77) en situation critique, du fait des inondations, des éboulements de terrains, ainsi que des effondrements de bâtisses construites dans les emprises de voies publiques, sur les ouvrages d’assainissement et les talus ». Le ministre-Gouverneur, dans le cadre de sa mission d’assainissement dans l’ensemble du territoire du District, a d’ailleurs précisé que ces opérations visent à « sauver des vies humaines, à renforcer la sécurité des personnes et des biens, à améliorer les conditions de vie et de travail des populations, et à préserver les infrastructures publiques, en libérant les emprises du domaine public urbain ». Il y a quelques semaines,  Ibrahim Cissé Bacongo a demandé aux différentes mairies de la capitale économique de se joindre à cette vaste opération. Sauf que les démolitions qui s’enchaînent, commencent à soulever d’énormes interrogations.

Vies humaines

Entre la tentative de récupération par l’opposition politique ivoirienne qui dénonce une atteinte aux droits de l’homme, et la justification du parti au pouvoir, enclin à sauver des vies humaines à l’approche des pluies, il faut aussi analyser l’aspect technique. Sur ce plan, seules des garanties ont été données aux populations du quartier de Boribana et de Gesco, avec la mise en œuvre d’un dispositif de relogement des habitants de ces zones. Un mécanisme comportant 5 mesures dont « le soutien de l’Etat au relogement à hauteur de 250.000f par ménage » pour une enveloppe globale de 697 millions. L’Etat prévoit également la mise à disposition d’un terrain de 75 mètres carrés ou de 100 mètres carrés selon la taille des familles avec la signature d’un bail emphytéotique pour un bail de 20 à 25 ans pour un loyer de 10.000f par mois au terme duquel, les nationaux affectés deviendront propriétaires des terrains attribués. Mais ces mesures n’ont rien à voir avec la situation des autres quartiers déguerpis. Que deviennent ces populations ?

Pour les organisations de défense des droits de l’homme, ces actions doivent être surtout menées avec humanisme. «Le moment choisi pour effectuer ces déguerpissements n’est pas approprié. On aurait pu attendre les vacances scolaires.  Parce que de nombreux élèves se verront éloignés de leurs écoles et ils ne pourront pas poursuivre l’année », signale par exemple Drissa Bamba, président du Mouvement ivoirien des droits humains (Midh). Mais, pour lui, il est nécessaire de mener cette opération, au vu des nombreuses zones à risques qui pullulent dans la capitale. M. Bamba insiste sur le suivi des personnes déguerpies, que ce soit dans le relogement ou l’insertion dans le tissu social, pour ne pas faire grimper le taux de criminalité.

G.D.

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