Adéquation formation - emploi. C’est le maître mot aujourd’hui dans les grandes écoles et universités publiques de Côte d’Ivoire. Que deviennent les diplômés issus de ces établissements d’enseignement supérieur ? Des chômeurs en puissance.
Le 9 août 2021, lors du lancement des épreuves écrites du Brevet de technicien supérieur (BTS), le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique annonçait sa volonté de réformer ce diplôme en supprimant certaines « filières non porteuses d’emplois ». Objectif : faire en sorte que les diplômés puissent s'insérer facilement au niveau du marché du travail. Mais, pour Dr Adama Diawara, le chantier doit se poursuivre également au sein des universités publiques, où l’inadéquation entre la formation et les emplois proposés est très notable.
Chemin de croix Chaque année, des dizaines de milliers de diplômés sortent des universités et grandes écoles sans aucune opportunité d’emploi. Seule issue : les concours de la Fonction publique. Pour pallier ce problème, de nombreuses structures ont vu le jour dans la formation et souvent, l’insertion de ces diplômés. Un travail de terrain qui vient épauler les efforts de l’Agence emplois - jeunes. « Aujourd’hui, des filières comme criminologie ou anthropologie n’ont pas de débouchés. Les étudiants qui font ces cursus ont seulement deux possibilités qui s’offrent à eux. Soit passer le concours d’entrée à la Fonction publique, soit aller jusqu’au doctorat et espérer enseigner à l’université », explique Charles Kisito, le Délégué des étudiants résidents de Cocody. Ces réservoirs pour jeunes chômeurs ne cessent de se remplir. Si les réformes au BTS sont plus aisées, dans les campus ce travail tarde et pourrait même ne jamais voir le jour. Le cabinet Nazaret Corporations, par exemple, qui travaille en collaboration avec l’Agence emplois -jeunes, reçoit chaque année des dizaines d’étudiants diplômés qui doivent être totalement reformatés pour pouvoir trouver un emploi. C’est grâce à des partenariats avec des entreprises que ces cabinets arrivent à trouver du stage pour ces étudiants. « Nous permettons aux jeunes de faire une reconversion, une application ici de ce qu’ils ont appris à l’école », indique Sidonie Kouakou Dibi, la Directrice des opérations du cabinet. Bien que brûlante, la question de l’utilité de nombreuses filières dans les universités et grandes écoles est hélas occultée. Au moment où les résultats des orientations des nouveaux bacheliers sont disponibles, les acteurs de l’Enseignement supérieur préconisent de réduire à l’avenir le quota d’étudiants attribué à certaines filières. Une proposition que le ministre de l’Enseignement supérieur devrait analyser.
Raphaël Tanoh