Depuis presque des générations, c’est le leitmotiv lorsque débutent les concours d’entrée à la Fonction publique : payer pour être admis. Les gouvernements se sont succédé mais la fraude ne faiblit pas.
La récente déclaration du Directeur général de la Fonction publique sur la fraude aux concours administratifs a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Alors que l’on croyait ces épreuves beaucoup plus imperméables aux magouilles, et jouissant d’une certaine crédibilité, c’est à un véritable coup de massue que les Ivoiriens ont assisté en apprenant, il y a deux semaines, que le colonel Zakaria Koné avait infiltré et démantelé tout un réseau de fraudeurs aux concours administratifs. Ce qui a surtout sidéré, c’est le lieu d’implantation de certains membres dudit réseaux : au sein du ministère de la Fonction publique. La question qui brûle toutes les lèvres, c’est la capacité du système à garantir des concours crédibles aux Ivoiriens. « Beaucoup de choses sont dites sur les concours de la Fonction publique, à tel point qu’aujourd’hui, lorsque vous n’avez pas d’argent, vous n’avez quasiment aucune chance d’être déclaré admis », déplore Claude Aka Kadio, Président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI). Avant de soupirer : « on a cru qu’avec les discours, les choses allaient s’améliorer ».
Y croire ? C’est d’ailleurs dans ce cadre, selon lui, que le colonel Zakaria Koné a infiltré puis démantelé un réseau de fraudeurs. Si l’action en a surpris certains, le Directeur de cabinet du ministre de la Fonction publique, Séraphin Oka, n’a pas tari d’éloges vis-à-vis du colonel lors de la conférence de presse qui a suivi. « Le cas du colonel Zakaria Koné relève du ministère de la Défense. Au niveau du ministère de la Fonction publique, nous avons également notre manière de lutter contre la fraude », confie notre source. Selon le directeur de cabinet du général Issa Coulibaly, après son investigation, le colonel Zakaria Koné lui a transmis « des clés ». « J'ai donc pris les dispositions avec l'actuel directeur général de la Fonction publique pour les mettre en déroute et ils le savent », a confié M. Oka. Faut-il y croire ? « Cela fait plusieurs années qu’on dit lutter contre le phénomène. Mais nous pensons que si ça ne marche pas, c’est parce que ceux-là même, qui sont censés lutter contre la fraude, sont aussi complices », déplore Claude Aka Kadio. Alors que viennent de s’ouvrir les concours d’entrée au Centre d’animation et de formation pédagogique (Cafop), tous les regards sont tournés vers la machine antifraude.
Raphaël Tanoh