Éboueur : Un métier voué à disparaître

Depuis quelques années, les éboueurs de Côte d’Ivoire tirent la sonnette d’alarme sur leur situation. Si rien n’est fait, ils seront balayés du nouveau système de gestion des ordures ménagères.

Ce mardi 13 octobre, Roger Koua reprend son service dans l’après-midi dans le quartier paisible d’Angré Pharmacie les Allées. Mais c’est la mort dans l’âme qu’il va vider les poubelles. Cela fait plusieurs mois qu’il n’a plus l’amour du métier qui l’animait autrefois. « Le travail de pré-collecteur est mort. Nous travaillons gratuitement pour des ménages qui ne veulent pas nous payer », souffle-t-il. Sa petite amie, Josiane, qui faisait le même travail que lui et avait marqué les populations d’Angré, l’a quitté. Josiane n’est pas la seule d’ailleurs. Plusieurs camarades éboueurs ont rendu le tablier. C’est notamment le cas de Mamourou Baldé, qui gère un kiosque à café à Abobo baoulé depuis six mois. Il a fini par faire le même constat que tous les autres : les ménages sont de moins en moins enclins à sortir leur portefeuille.

Reconversion « Normalement on n’a plus le droit d’encaisser. Malgré cela, certains nous payaient. Malheureusement, les collecteurs sont allés dire à ces derniers qu’ils ne doivent plus le faire, parce qu’ils le font déjà à travers les redevances des factures d’eau et de courant », explique Mamourou Baldé. Quasiment tous ses clients ont refusé par la suite de le rémunérer. Alors il a décidé d’arrêter le travail. Il n’est pas le seul. « Je connais trois personnes qui ont arrêté aussi », témoigne-t-il. Roger Koua  affirme qu’il n’a plus la force de poursuivre. « Beaucoup se reconvertissent. Certains passent le permis de conduire. Si la situation continue comme cela, c’est ce que tout le monde va faire », prévient-il. La zone de Cocody et le Plateau sont les communes les plus touchées. Elles sont gérées par l’opérateur Ecoti SA. Selon Touali Barthe Armel, Président de la Fédération des pré-collecteurs et prestataires de services urbains de Côte d’Ivoire, presque tous les éboueurs sont en situation de précarité. Au nombre de 6 000, dont une bonne partie a été laissée pour compte par Ecoti SA qui gère aussi les zones de Bingerville et d’Abobo. Les éboueurs qui continuent à y travailler ne vivent que grâce à la complaisance de certains ménages. Même Eco Eburnie, qui a pris en compte les pré-collecteurs, selon M. Touali Barthe, ne traite pas ces derniers correctement. « Ils sont sous-payés », regrette-t-il.

Raphaël TANOH

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