Samedi 8 juillet, la Côte d’Ivoire célébrait en différé la Journée mondiale sans sachets plastiques. Une célébration qui intervient dans un contexte où, malgré une mesure d’interdiction des sachets en vigueur depuis quatre ans, les choses n’ont pas véritablement bougé.
Interdit d’usage en Côte d’Ivoire officiellement depuis le 22 mai 2013, les sachets plastiques sont plus que jamais présents dans le quotidien des Ivoiriens. Si les grandes surfaces ont tout de suite appliqué la mesure, en se convertissant aux sachets biodégradables, ce n’est pas le cas pour la plupart des acteurs du secteur informel.
Réticences Les usines de fabrication de sachets plastiques, sous le prétexte de sauver des emplois, n’ont pas suivi le gouvernement, malgré une longue campagne de sensibilisation menée par le ministère de l’Environnement. Elles ont continué à inonder le marché de leurs produits, qui envahissent les rues et les caniveaux dans tout le pays. Pourtant, « les effets néfastes de ces emballages plastiques sur l’environnement ne sont plus à démontrer. Ils représentent un véritable péril écologique pour l’humanité », explique Anzoumana Sanoko, environnementaliste. « Mais, poursuit-il, dans des pays comme les nôtres, où les populations en général sont très peu ou pas instruites de ces notions, il est quasi impossible de leur faire entendre raison en leur demandant de se convertir au biodégradable ». « Le problème, c’est que nous ne trouvons pas de sachets biodégradables sur le marché, donc nous faisons avec ce qu’il y a », se défend Moustapha Diallo, vendeur de vêtements au Plateau, qui sans bien comprendre le bien-fondé de cette décision, ne s’y oppose pas.
Fermeté La ministre de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement durable, Anne Désirée Ouloto, reste pourtant déterminée à en finir avec le phénomène. Depuis le mois de mars dernier, elle a lancé la phase répressive de cette campagne anti sachets plastiques. « L’opération de répressiona commencé et ne s’arrêtera pas. Le gouvernement ne reculera devant rien », déclarait-elle alors. Dans la foulée, trois entreprises de fabrications d’emballages plastiques ont été démantelées et de nombreux sous-traitants ont vu leurs marchandises saisies par la Brigade de salubrité. Célébrant la Journée mondiale sans sachets plastiques samedi dernier sur le thème « Tournez résolument le dos aux sachets plastiques », Mme Ouloto a affirmé qu’une vie « sans sachets plastiques, c’est possible. » Il faudra, pour y arriver, gagner le bras de fer avec les industriels, qu’elle tente de rassurer en expliquant que « l’objectif n’est pas de porter atteinte à l’activité industrielle et commerciale, mais plutôt de construire un développement harmonieux, caractérisé par un cadre de vie sain. » Sensibilisation qui a encore du mal à passer !
Malick SANGARÉ