Le Président du Mouvement pour l'union des enseignants de Côte d'Ivoire (MUNECI) dénonce dans cet entretien le retard accusés par les élèves à cause de la situation politique.
Aujourd’hui, les autorités demandent le retour en classe après quasiment un mois à la maison pour les élèves. Croyez-vous que cela soit trop tôt ?
Ce n’est pas trop tôt. Il faut bien reprendre les cours tôt au tard. Quelle que soit la situation politique, les enfants ont besoin de retourner à l’école. C’est peut-être en reprenant une sorte de normalité que le pays retrouvera la paix.
Pensez-vous que les élèves ont pris assez de retard ?
Les élèves ont pris du retard, certes, mais c’est la faute à la situation politique. Les congés de fête de fin d’année sont pour bientôt. Il va falloir rattraper ce temps perdu.
Aujourd’hui, le niveau réel des élèves fait couler beaucoup d’encre…
Oui et la situation actuelle n’est pas faite pour arranger les choses. Avec les bouleversements apportés à cause de la covid-19, Il faudrait éviter de désorienter les élèves. Par le passé, nous avions déjà critiqué le système. Nos enfants ne savent ni lire, ni écrire. Tout commence au primaire. Prenez dix élèves qui viennent d’avoir leur entrée en 6ème, à peine la moitié d’entre eux peut bien lire. Ils vont traîner ces lacunes tout au long de leur cursus scolaire. Le primaire est fondamental dans la formation d’un enfant. Or, les différentes réformes apportées par chaque régime ont fragilisé l’apprentissage. Notamment la décision de faire passer les enfants en classe supérieur avec 4 de moyenne. Chaque étape est nécessaire au primaire, avec des objectifs bien précis à atteindre. Quand l’enfant finit le cours préparatoire, il doit pouvoir lire une phrase. Au cours élémentaire, cet acquis est consolidé,
Faut-il à votre avis réajuster le programme pour rattraper le retard ?
Pas forcement. Il suffit de créer les conditions pour que les enseignants puissent rattraper le temps perdu à la maison.
Au niveau de l’Intersyndicale de l’enseignement préscolaire et primaire de Côte d’Ivoire (Iseppci), avez-vous signé une trêve avec les autorités ?
Non. Nous avons décidé d’aller à la table de négociation avec les autorités, car le syndicalisme qui ne privilégie pas le dialogue ne peut rien obtenir. C’est ce que nous avons toujours mis en avant. Et grâce à cela nous avons obtenu de nombreux points. Entre autres, la finalisation des profil de carrière des enseignants du préscolaire et du primaire, le règlement de la question des conseiller Coges. Mais nous avons discuté pendant un an. Et nous pensons que sur certains point nous avons suffisamment attendu.