Abba Eban, Président du MUNECI : « Les résultats scolaires sont falsifiés »

Le Président du Mouvement pour l'union des enseignants de Côte d'Ivoire (MUNECI) dénonce dans cet entretien la mauvaise qualité de l’enseignement dans nos écoles.

Aujourd’hui, le niveau réel des élèves fait couler beaucoup d’encre. Quelle est la réalité ?

Nous l’avons toujours dénoncé. Nos enfants ne savent ni lire, ni écrire. Tout commence au primaire. Prenez dix élèves qui viennent d’avoir leur entrée en 6ème, à peine la moitié d’entre eux peut bien lire. Ils vont traîner ces lacunes tout au long de leur cursus scolaire. Le primaire est fondamental dans la formation d’un enfant. Or, les différentes réformes apportées par chaque régime ont fragilisé l’apprentissage. Notamment la décision de faire passer les enfants en classe supérieur avec 4 de moyenne. Chaque étape est nécessaire au primaire, avec des objectifs bien précis à atteindre. Quand l’enfant finit le cours préparatoire (CP), il doit pouvoir lire une phrase. Au cours élémentaire (CE), cet acquis est consolidé, etc.

Dans de nombreux établissements, les chiffres avancés en fin d’année sont pourtant excellents…

La plupart sont falsifiés pour plaire aux institutions, montrer que le travail est bien fait. La réalité est tout autre. Aux examens, c’est pareil. J’ai pris tout à l’heure l’exemple de l’entrée en 6ème. C’est aussi le cas pour le Bepc et le baccalauréat. Le processus démarré au primaire suit l’enfant jusque sur son lieu de travail. Pourquoi a-t-on peur aujourd’hui d’aller faire un diagnostic à l’hôpital ? Parce que la plupart des médecins sont incapables de le faire correctement. Pourquoi dit-on que le niveau des enseignants est faible ? Parce que le mauvais enseignement que l’élève a reçu depuis le primaire l’a suivi jusqu’à sa formation finale. S’il y a un secteur avec lequel il ne faut pas rigoler, c’est l’éducation. Il faut être sans pitié, sinon c’est tout le pays qui s’écroule.

À qui la faute ?

À tout le monde. Mais la plus grande responsabilité est à imputer aux politiques. Les manuels scolaires, les décisions, tout est fait sans l’implication des enseignants. Lorsque nous nous plaignons, on nous répond que nous ne sommes que des exécutants.

Que reprochez-vous aux manuels scolaires ?

Leur contenu n’est pas adapté, il a été conçu par des universitaires. Les textes sont insipides. Il faut éveiller l’enfant pour lui apprendre quelque chose. Les tout-petits aiment les dessins animés parce qu’ils veulent être émerveillés. Les manuels du primaire doivent être rédigés en tenant compte de cela. Cela se faisait dans les années 80, plus aujourd’hui.

Propos recueillis par Raphaël TANOH

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