CIDR-Pamiga, Agristore et MicroSave Consulting ont procédé ce jeudi 24 février 2022 au lancement de Wi-Agri, pour accompagner l’action gouvernementale en Côte d’Ivoire en faveur de la filière de l’anacarde. Ceci, pour produire davantage de valeur, d’opportunités et de revenus aux acteurs agricoles, notamment les femmes qui, bien que présentes dans la chaîne de valeur et l’industrie de transformation, restent très vulnérables.
Avec 968 676 tonnes produites en 2021, la Côte d’Ivoire est le leader mondial de l’anacarde aussi appelé noix de cajou. Cette spéculation, représente aujourd’hui le 2e produit d’exportation du pays, avec plus de 800 000 tonnes, soit un peu plus de 40 % de l’offre mondiale. Cependant, bien que l’Etat ivoirien ait consenti d’importants efforts pour promouvoir cette transformation, moins de 15 % de cette production est transformée localement.
Aujourd’hui, les différentes études montrent que l’anacarde est essentiellement cultivé sur de petites parcelles (entre 1 et 3 ha) et regroupe environ 400 000 producteurs dont 10 à 15 % sont des femmes. Celles-ci ne sont généralement pas propriétaires des parcelles mais sont très présentes dans la chaîne de valeur, notamment comme ramasseuses et comme main d’œuvre dans l’industrie de transformation.
L’exploitation de l’anacarde n’est pas encore optimale ; seule la noix fait l’objet d’une attention particulière au détriment de la pomme, riche en nutriments essentiels, qui souffre de certains préjugés à bannir.
La filière de la noix de cajou fait face à d’autres défis, tels la fuite d’une partie de la production nationale vers certains pays limitrophes avec un manque à gagner pour les recettes de l’Etat, les campagnes de trois à quatre mois sur une année, laissant les producteurs dans une instabilité financière. La filière est aussi confrontée à l’insuffisance voire la méconnaissance des notions d’éducation financière, les difficultés d’accès au marché, aux capitaux, aux conseils et à l’information.
Pour une activité aussi stratégique, il est important de pérenniser les activités, mettre en place des mécanismes pour assurer un revenu tout au long de l’année aux acteurs de la chaîne de valeur, contribuer à la résilience climatique des producteurs et à la préservation de l’environnement, créer plus d’emplois, soutenir les femmes et encourager les jeunes à s’investir dans la production et la transformation, afin d’aider à atteindre l’objectif national de 40 % de transformation au niveau local dès 2022. C’est le sens même de la mise en place de Wi-Agri qui ambitionne donc de s'arrimer aux actions gouvernementales pour créer plus de valeurs et d’opportunités aux acteurs agricoles.
Créée en 2021, en Côte d’Ivoire, Wi-Agri est une plateforme digitale qui offre une diversité de services aux petits producteurs, aux travailleurs à faibles revenus (ramasseuses, main d’œuvre dans l’industrie de transformation) et aux autres acteurs de l'écosystème (fournisseurs d'intrants, intermédiaires, acheteurs, transformateurs, exportateurs, etc… L'objectif de Wi-Agri est d'améliorer la résilience et le mode de vie des petits producteurs, des PME agricoles et des travailleurs à faibles revenus en milieu rural. Ses initiateurs mettent l’innovation et la technologie au cœur de son approche.
Ainsi, Wi-Agri se positionne en facilitateur d’accès au marché, à travers une plateforme offrant des transactions élargies, sécurisées, et transparentes entre acheteurs et vendeurs tout au long de la chaîne de valeur. Un historique numérisé des transactions commerciales permet d'atténuer les risques de marché. La plateforme est enrichie par toute une gamme de services financiers, de conseils agricoles et d’éducation financière.
Afin d’atteindre ses objectifs, Wi-Agri collabore pour l’heure avec des partenaires stratégiques comme Callivoire et Fin’ELLE pour respectivement augmenter la productivité des parcelles (grâce à des intrants de qualité et de meilleures pratiques agricoles) et améliorer les conditions de vie des acteurs de la chaîne de valeur anacarde avec la mise en place de produits financiers (épargne et crédit) sur mesure. Implantée en Côte d’Ivoire depuis 1986, Callivoire, filiale du groupe UPL et 5° acteur mondial de l’industrie de la protection des végétaux est une entreprise de solutions agricoles, tournée vers le développement de l’agriculture ivoirienne et le bien-être des populations. Fin’ELLE, quant à elle, est une institution de microfinance, filiale du Groupe COFINA qui ambitionne d’être le modèle panafricain de la finance inclusive pour la femme ; sans s’y limiter, et dont l’une des missions est de créer de la valeur ajoutée pour l’entreprenariat féminin afin de participer durablement à leur émancipation financière et sociale. Fin’ELLE sera le partenaire exclusif sur le segment femmes.
L’accent est mis sur la résilience et le développement durable mais aussi sur les femmes. Aider les femmes à mieux gérer leurs activités et renforcer leur intégration dans les filières, par des services adaptés d'accès au marché financiers, d'information et de conseils, facilités par l'organisation en coopératives de femmes. Concrètement, grâce à ses partenaires en conseils agricoles et en éducation financière, la plateforme offrira du contenu diversifié comme des infographies, des vidéos, des modules d'éducation financière, des modules sur l’entrepreneuriat. L’objectif de cet apport de connaissances est de renforcer leurs capacités et les encourager à pratiquer de nouvelles activités génératrices de revenus liées à l’anacarde, comme par exemple des produits transformés.
La plateforme Wi-Agri, qui a déjà enregistré 2 000 petits producteurs, acheteurs, coopératives et PMEs lors de la campagne de commercialisation de la noix de cajou 2021, est accessible via application mobile, et un site internet. Les objectifs d’enrôlement de Wi-Agri sont de 10.000 acteurs pour le premier trimestre de l’année 2022 et de 25.000 pour la fin de l’année.
La start-up multipliera par ailleurs, ses partenariats avec des institutions financières, des prestataires de conseils agricoles et d’éducation financière, des fournisseurs d’intrants et d’équipement agricole.
La chaîne de valeur de la noix de cajou a été sélectionnée pour cette innovation dont la phase pilote de mise en œuvre a lieu dans les régions du Gontougo, du Gbêkê et une partie du Hambol. L’initiative est prévue pour s’étendre à d’autres localités et produits agricoles.
Ange-Stéphanie DJANGONÉ