Contraints de garder leurs espaces fermés, certains propriétaires de bars et boîtes de nuit usent aujourd’hui de stratégies pour passer outre les mesures barrières.
Plus de 4 mois sans activité et aucune alternative. Le soutien de l’État ? Toujours attendu. C’est dans ce contexte que de nombreux propriétaires de bars et boîtes de nuit vivent les effets de la pandémie. À Abidjan, beaucoup espèrent voir les mesures de restriction être levées à partir du 14 juin. En attendant, place aux astuces.
Adaptation Maquis-bar « Le Virement ». Situé dans la zone de Yopougon-Coprim, l’espace, vitré et cloisonné, accueille ses clients sous un aspect bien différent. Toutes les vitres ont été enlevées et rangées. Ce n’est plus un bar, mais un maquis. « Depuis 5 mois on ne travaille pas. Nous vivons dans la galère avec nos familles depuis tout ce temps. Comme on demande aux espaces cloisonnés de rester fermés, nous avons démonté les vitres, tout simplement. Nous sommes désormais un maquis », explique le manager des lieux, Achille N’Guessan. Selon lui, la mesure de fermeture des bars, boîtes de nuit et lieux de spectacles, prorogée par le gouvernement, est fondée sur l’analyse que ces espaces sont clos et peuvent être des lieux de propagation rapide du coronavirus. Pour contourner cela, il a donc fallu être inventif. Il n’est pas le seul à penser ainsi. De plus en plus, à Yopougon, on peut voir des boîtes de nuit transformées en maquis. C’est le cas pour le « Port d’Abobo », non loin du Virement. Les cloisons n’existent plus et il peut accueillir les clients à l’air libre. À Cocody également, cette subtilité est partagée. Certains bars qui avaient baissé pavillon reprennent petit à petit. À Anono, le bar « Le 520 » a rouvert ses portes, à la satisfaction des travailleurs et des clients. Toutes les façades vitrées de l’espace ont été ôtées. « C’est la seule solution pour pouvoir travailler à nouveau. On n’a pas le choix si on veut survivre », justifie Guyzo, le manager. Si certains bars sont construits de sorte à changer leur aspect au besoin, d’autre n’ont pas cette possibilité. À défaut de pouvoir se relooker, « The 911 » utilise sa terrasse à bon escient. Toutes les places assises ont été déportées dehors pour l’occasion. Au bar « Central Park », toujours à Cocody Riviera, on profite aussi de l’air pur de la nature. Le bar étant fermé, c’est la terrasse qui reçoit désormais les clients. Comme quoi le virus ne peut vaincre l’inventivité.
Raphaël TANOH