Alors que l’égalité entre hommes et femmes occupe de plus en plus les politiques en Afrique, en Côte d’Ivoire, un projet de loi vient d’être adopté en Conseil des ministres, permettant à l’enfant de porter aussi bien le nom de son père que celui de sa mère.
Le gouvernement a adopté le mercredi 27 novembre en Conseil des ministres, à Katiola, un projet de loi autorisant désormais la mère à adjoindre son nom à celui du père d’un enfant. L’évolution de la société ivoirienne et l’impératif de l’adaptation de la législation nationale aux standards internationaux, notamment en matière d’égalité homme et femme, en sont les principales motivations. Ce projet de loi arrive tout de même dans une culture ivoirienne où le patriarcat a toujours été prépondérant. Déjà que la nouvelle loi sur le mariage, qui consacre l’égalité entre l’homme et la femme n’est pas effective dans son application sur le terrain, ce texte vient comme un pavé dans la mare.
Suprématie ? « Il ne s’agit pas de montrer une suprématie de la femme par rapport à l’homme. Ce n’est pas une manière de dire que c’est la femme qui domine. Nous assistons simplement à un juste retour des choses. L’enfant appartient d’abord à sa mère. Et c’est pour cela que j’ai toujours milité pour le matriarcat », explique Chantal Fanny, ambassadrice - sénatrice et maire de Kaniasso, grande militante des droits de la femme. Pour elle, ce changement a déjà commencé à s’opérer dans certaines familles. « Cela fait déjà 15 ans que mes enfants portent mon nom. L’argumentaire que j’avais donné à l’époque au juge, c’était le divorce. Aujourd’hui, si une femme a trois enfants de trois pères différents, comment fait-elle ? J’ai connu un cas où la femme est allée à l’hôpital avec ses enfants. Le médecin, surpris, lui a demandé si c’étaient vraiment ses enfants. Il est impératif que l’enfant porte le nom de la mère en plus de celui du père. De sorte qu’il existe toujours un lien entre eux », ajoute la sénatrice. Certains observateurs y voient cependant une loi qui aura maille à partir avec nos réalités. Après son adoption, pensent-ils, beaucoup n’oseront jamais l’appliquer. Ce que réfute Chantal Fanny. « Nous cherchons à évoluer. Il y a des choses qui n’étaient pas possibles avant mais qui le sont aujourd’hui ».
Raphaël TANOH