La lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants s’est accentuée cette semaine dans le département d’Aboisso.
Les limiers de l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (UCT) conduits par l’Adjudant Toh Salif, vient de mettre fin à un réseau de trafic d’enfants. Le vendredi 10 janvier 2020, un équipage de l’UCT siffle un car en provenance de Noé pour Abidjan. À son bord, Diaby est chef convoyeur d’une société de transport ivoirienne qui dessert la destination Abidjan-Cotonou au Bénin et Tchokpohoue Kou Segnano. Ils essayaient de faire passer des mineurs en provenance du Bénin et de Togo. La supercherie sera fort heureusement découverte lors des contrôles. Ces enfants n’étant pas accompagnés ont attiré l’attention des policiers. Face aux questions des policiers, les enfants dénoncent Tchokpohoue Kou Segnanou, leur convoyeur. Malheureusement pour ce dernier, il ne dispose d’aucune procuration des parents biologiques des enfants lui donnant le droit et la responsabilité pour convoyer ces enfants à Abidjan. Harcelé de questions, il se mettra à table en citant son acolyte Diaby à qui il remet de l’argent à chaque passage pour assurer son business.
Il s’agit d’une opération de police dont le nom de code est « Bia III » initiée et financée par le Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS) présidé par Dominique Ouattara, Première dame de Côte d’Ivoire et conduite conjointement par la sous-direction de la Police criminelle en charge de la lutte contre la traite des enfants et la délinquance juvénile et l’unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (UCT)avec l’assistance d’Interpol. Après Bia I en 2009 et Bia II au Ghana en 2011, cette nouvelle opération « Bia » III a eu pour théâtre d’action la zone d’Aboisso dans la région du sud-comoé. Zone de production du cacao et porte d’entrée de la Côte d’Ivoire en venant du Ghana, le département d’Aboisso est un point névralgique dans la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Une réalité sociologique que la Première dame, présidente du CNS et les structures impliqués dans cette opération de police ont décidé d’exploiter pour donner un signal fort aux exploitants et aux trafiquants d’enfants.
Ainsi, du 09 au vendredi 10janvier 2020 une trentaine de policiers de ces deux unités appuyés par des policiers locaux ont investi la ville d’Aboisso. Leur objectif : mener une opération de recherche des enfants exploités dans les plantations ou sous d’autres formes dans la localité d’Aboisso. Cette mission de répression s’inscrit dans le cadre global de la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Aussi, les acteurs impliqués dans la lutte contre la remédiation de ces phénomènes ont décidé de passer à la phase de la répression. C’est pourquoi pour plus d’efficacité sur le terrain, le modus operandi de Bia III a consisté pour la première journée à investir les plantations et les villages à la recherche d’enfants en situation d’exploitation et de travail. Pour la seconde journée, il a consisté à procéder à des contrôles de véhicules aux fins de rechercher des enfants non accompagnés et donc susceptibles d’être convoyés pour des fins d’exploitation et de traite.
Cette première journée a permis de secourir une quarantaine d’enfants découvert en situation d’exploitation et de traite dans les plantations ou exerçant un métier dangereux pour son âge. L’âge de ces enfants sauvés lors de cette première journée varie entre 6 et 17 ans. Plus d’une centaine d’enfants arrachés aux mains des trafiquants
Après 48 heures d’opération, la moisson a été plus qu’honorable. Faisant le point à la presse, le commissaire divisionnaire Kouadio Yeboué Marcellin, Préfet adjoint de police d’Aboisso a exprimé sa satisfaction suite au bon déroulement de l’opération. En effet, il a indiqué que ce sont 137 enfants victimes qui ont pu être sauvés des griffes des trafiquants ou d’une situation les mettant en danger. Parmi ces enfants, 15 seront transférés à Abidjan. «(…) nous avons pu secourir 137 enfants victimes de traite et d’exploitation. Sur les 137, il y a 15 qui sont en état de risque et aussi 12 trafiquants qui seront mis à la disposition de la Justice. Et parmi les 12, il y a 03 qui seront transférés à Abidjan pour la suite de l’enquête. Les enfants sauvés sont de nationalité nigériane, nigérienne béninoise, ghanéenne et togolaise. Et selon leur nationalité, ils étaient destinés à la prostitution pour les nigérianes, le pneumatique et le commerce pour les togolais, les béninois et les nigériens », a recommandé le préfet adjoint d’Aboisso.
Raphaël TANOH avec cabinet Première dame