Cheick Oumar Magassouba : « Le COSIM restera fort »

La disparition du Président du Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques (COSIM) laisse un grand vide dans la communauté musulmane. Une situation que l’Imam Magassouba aborde ici.

Le décès du Cheick Boikary Fofana a été douloureusement vécu par la communauté musulmane et l’ensemble des acteurs politiques. Pourquoi, selon vous, a-t-il autant d’aura autour de lui ?

C’est difficile de parler de Boikary Fofana. Il y a tellement de choses à dire ! C’était un homme qui inspirait tout le monde. Il était pour moi comme un éducateur, un maître, un exemple à suivre. Il reflétait ce qu’il prêchait. Boikary Fofana été à la base de tout, du moins pour ce qui concerne la communauté musulmane de Côte d’Ivoire. Prenez n’importe quelle association, n’importe quel conseil, n’importe quelle organisation, vous trouverez le Cheik comme cheville ouvrière. Il a été à la base de la création du COSIM.

On a vu des témoignages venir de partout dans le monde. Était-il aussi influent hors de Côte d’Ivoire ?

Boikary Fofana n’était pas seulement influent en Côte d’Ivoire. Si vous voyez les témoignages venir de partout, c’est parce qu’il a aussi agi hors de son pays. Notamment au Mali, au Burkina, où il a participé à la mise en place de nombreuses structures islamiques. Partout où on le sollicitait, il répondait présent.

Il y a aussi certains qui le qualifiaient de difficile…

Effectivement. Certains allaient même jusqu’à dire de lui qu’il était extrémiste. Le Cheick Boikary Fofana n’était pas un extrémiste. Beaucoup ont dit cela lui à cause de sa manière d’agir. Il était sincère et rigoureux. Il n’a jamais commencé quelque chose sans le terminer. Il n’avait qu’une seule parole. Il détestait l’hypocrisie. C’est cette sincérité que certains n’aimaient pas. Il était d’une humilité touchante. Malgré sa situation, il est toujours resté dans sa vieille maison. Il mangeait avec tout le monde.

Croyez-vous que sa disparition va affecter la bonne organisation du COSIM ?

Il y a une chose que le Cheick lui-même disait : personne n’est irremplaçable. Il nous a enseigné cela. Il nous a préparés, nous les jeunes, à prendre un jour la relève. Le COSIM a été frappé de plein fouet par sa mort, mais cette organisation restera forte et unie, même si la tâche va être difficile.

Pour vous, son décès en cette période est-il une injustice ?

On peut considérer le Cheick Boikary Fofana comme un martyr, parce qu’il a été emporté par le coronavirus.

Propos recueillis par Raphaël TANOH

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