Initiatrice et commissaire générale des Journées de lutte contre le cancer (JMMC) dont la seconde édition est prévue pour les 19 et 20 octobre, Léa Muriel Guigui livre dans cette interview les grands axes de ces activités.
La seconde édition des Journées de Mobilisation des Médias contre le Cancer du sein (JMMC), se tiendra les 19 et 20 octobre prochain à Grand-Bassam. Quelles seront les grandes articulations de ces journées ?
Cette seconde édition placée sous le parrainage et la présence effective du Vice-président de la République de Côte d’Ivoire SEM Daniel Kablan Duncan se tiendra sur 2 jours. Le 19 octobre nous aurons la cérémonie inaugurale des JMMC à N’Sa Hôtel, des conférences, des ateliers de formations des journalistes, des témoignages, des dépistages, la signature de la charte d’engagement des médias par les représentants des medias et organisations professionnels de Cote d’Ivoire. La deuxième journée sera consacrée au sport, la sensibilisation grande publique et des séances de dépistages au stade de Bassam.
Qu’attendez-vous concrètement des médias dans la lutte contre le cancer du sein ?
Les médias sont pratiquement inséparables à la vie quotidienne de la population, tous les jours nous les côtoyons. Au-delà du divertissement, ils ont un rôle informatif et éducatif, nous avons donc réalisé qu’il était important d’engager les journalistes et les médias comme acteurs de changement dans la sensibilisation des populations.
Nous attendons des journalistes qu’ils contribuent à la sensibilisation de l’opinion publique au cancer du sein, qu’ils éduquent et fournissent les informations nécessaires sur la maladie et l’importance du dépistage précoce , de telle sorte qu’elle soit comprise par les populations et donne de l’espoir aux femmes qui en souffrent mais également à briser les tabous autour de cette maladie.
Quel a été l’impact réel de la première édition dans la lutte contre le cancer du sein ?
La première édition a été satisfaisante, les journalistes et les organisations des médias ont manifesté un intérêt particulier pour la cause.
Avec le soutien du Programme national de lutte contre le cancer (PNLC)et la fondation Agir contre les cancers, nous avons pu réaliser une campagne de sensibilisation pour informer non seulement les journalistes mais également la population. Il est important de savoir que la lutte contre ce fléau doit être permanente.
En Côte d’Ivoire, 60 à 70% des cancers sont découverts à des stades tardifs. Qu’est ce qui pourrait expliquer cela ?
L’une des principales raisons est l’ignorance, la peur du diagnostic et surtout la méconnaissance de la maladie dans la population générale, vient par la suite le facteur financier, le traitement du cancer du sein coûte extrêmement cher. Il y a également les habitudes socio-culturelles, le malade préfère se faire soigner chez le tradithérapeute que de se faire prendre en charge par un spécialiste. D’autres raisons qui pourraient expliquer cette situation sont l’insuffisance de personnels qualifiés, la difficulté et indisponibilité de certaines molécules.
Dans cette lutte contre le cancer du sein, bénéficiez-vous de l’appui du ministère de la santé ?
Le ministère de la santé accorde une grande importante aux actions menées dans le cadre de la sensibilisation aux cancers en général et particulièrement au cancer du sein.
Nous bénéficions de l’appui considérable du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique à travers le Programme National de lutte contre le Cancer (Pnlca) qui accompagne toutes les campagnes de dépistage pour la prévention et le traitement des cas décelés, cela permet de réduire l’incidence de la maladie et le taux de mortalité de la maladie.
Aujourd’hui, grâce aux efforts de l’Etat, certains médicaments sont à couts réduits et même gratuits pour d’autres (Bevacizumab, Herceptin). Certains cas de maladie sont pris en charge par le conseil de santé.
Pour votre information, la Cote d’Ivoire vient de se doter d’un centre de radio thérapie qui est fonctionnel.
Selon vous, qu’est ce qui doit être fait afin d’éradiquer cette maladie qui occasionne la mort de 1 223 femmes chaque année en Côte d’Ivoire ?
On ne peut pas éradiquer le cancer pour la simple et bonne raison que certains facteurs sont liés à l’hérédité. Le dépistage précoce reste le principal moyen de lutter contre la maladie. Il permet d’améliorer les chances de survie ainsi que l’issue du cancer du sein. Il est important de mettre l’accent sur la prévention primaire et secondaire, former le personnel a la prise en charge (médicaux et para médicaux).
Egalement la mise en place des infrastructures adéquates permettant de prendre en charge les patients selon les critères internationaux de prise en charge (Création d’un institut du cancer) permettront de lutter efficacement contre cette maladie.
Marie Brigitte KOMONDI