Interview Kadio Claude, président de l’Opeeci: « Il faut jeter des enseignants en prison !»

Kadio Claude demande plus de rigueur dans la formation des enfants.

Dans cet entretien le président de l’Organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, Kadio Aka Claude, met les pieds dans le plat.

Après le Cepe et le Bepc, les élèves affrontent en ce moment l’examen du baccalauréat. Mais la tricherie est une nouvelle fois au centre des préoccupations. Pourquoi, selon vous, le phénomène ne s’arrête-t-il pas ?

 

Ce qu’il faut comprendre c’est que la tricherie a plusieurs responsabilités. Il y a celle qui incombe à l’enfant, certes, mais aussi la responsabilité de l’autorité qui l’a formé ou qui le forme. Si l’élève n’est pas bien formé, il va vouloir évidemment se tourner vers la tricherie pour combler ses lacunes.

 

A vous entendre, la tricherie tirerait également ses sources de la mauvaise formation?

Nous avons constaté que dans de nombreux établissements, on n’enseignement pas comme il le faut ou pis : on n’enseigne pas toutes les matières. Il y a des écoles qui se trouvent ici à Abidjan où l’histoire et la géographie ne sont pas enseignées. C’est grave ! Dans ces conditions, si l’enfant va à l’examen, il essayera de combler ce vide avec la tricherie. D’où la responsabilité incombant à l’autorité qui l’a formé.

 

Ce n’est tout de même pas une excuse...

Exact. Mais nous avons constaté que les sanctions infligées aux candidats pris en flagrant délit de tricherie étaient trop sévères : 5 ans. Il y a environ un an, lors d’un séminaire organisé à Yamousoukro, nous avons demandé que cela soit ramené à un an. Ce qui est fait depuis lors.

 

Pendant les épreuves orales du bac qui ont débuté depuis mardi, il a été constaté que certains enseignants continuent d’exiger aux candidats la somme de 2.000 francs CFA, monnayant une bonne note. En êtes-vous informés ?

Oui et c’est malheureux. Un élève qui triche, c’est grave, mais un enseignant qui triche, c’est très grave. Je dois vous dire que je fais partie de la commission de discipline de la Direction des examens et concours (Deco), et chaque année, on met le grappin sur certains enseignants malveillants qui entretiennent des réseaux de fraude.

 

Mais le phénomène continue malgré tout

Oui, tout simplement parce que les sanctions ne sont pas exemplaires. Le plus souvent on les sanctionne dans la discrétion totale. Il faut les jeter en prison et communiquer autour de cela pour que les autres enseignants comprennent que ce genre comportement ne restera pas impuni.

                                                                                                                 Raphaël TANOH

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