Dans cette interview l’imam de la mosquée de Lokodjoro revient sur les prescriptions de l’islam lors de la fête du Mouton.
Comment la tabaski se prépare-t-elle au sein des imams?
La fête de la tabaski est une fête d’adoration, une fête de discipline. C’est une fête qui se prépare depuis le premier jour. C’est une fête au cours de laquelle le Prophète nous exhorte à jeuner, à poser des actes saints.
Un musulman qui n’a pas les moyens peut-il célébrer l'Aïd el-Kébir ?
Chaque famille musulmane, dans la mesure de ses moyens, sacrifie un animal (brebis, chèvre, mouton, vache ou chameau) en l'égorgeant couché sur le flanc gauche et la tête tournée vers La Mecque. Une partie de la chair de ce sacrifice bénéficiera aux plus démunis parmi les musulmans, affermissant ainsi la solidarité et l'assistance mutuelle tel que les prescrit Allah.
On ne peut pas se contenter d’un poulet ?
Non. Il faut une brebis, une chèvre, un mouton, une vache ou un chameau, rien de plus. L’islam conseil que la viande soit partagée en trois parties. Une partie pour le voisinage, une partie pour la famille et une partie pour les pauvres et les nécessiteux.
Quels conseils pouvez-vous donner aux Ivoiriens pendant la célébration de cette fête du mouton ?
Ce que nous conseillons aux musulmans c’est d’éviter la débauche, le jour de la fête. Nous avons constaté que les jeunes musulmans se retrouvent dans les boîtes de nuit pour fêter la tabaski, c’est interdit. L'Aïd el-Kébir est une fête de discipline, elle se célèbre dans la foi, la crainte de Dieu, sans gêner les autres.
Au niveau de la marine, il y a-t-il une particularité dans la célébration de cette fête ?
Nous allons la célébrer comme chaque année, avec le chef d’état major. Elle sera ponctuée de prières pour la paix en Côte d’Ivoire.
Parlant de paix dans le pays, nous sommes dans une période d’élections. Il y a-t-il un message que vous lancez aux hommes politiques ?
Oui, c’est d’œuvrer en cette période sensible pour préserver nos acquis. Et que cette période d’élection se passe dans le calme et dans la quiétude. Dans la même veine nous saluons les efforts du chef de l’Etat qui vient d’amnistier 800 Ivoiriens, dont 300 détenus. C’est un acte fort qui va dans le sens de la paix et de la réconciliation.
Au sujet de détenus, l’imam Aguibou Touré vient d’être mis en liberté après quarante jours de détention à la Maca. Le Cosim a-t-il joué un rôle dans sa libération ?
Oui, et vous l’avez sans doute compris lorsque Aguibou Touré lui-même a remercié le Cheick Boikary Fofana après sa mise en liberté. Le Cosim est intervenu mais en secret et de manière à ce que cela reste ainsi.
Beaucoup ont affirmé qu’Aguibou avait été lâché par les imams parce qu’il n’était pas imam…
Ce n’est pas exact. Le Cosim a soutenu Aguibou Touré dès les premières heures de son arrestation. Mais comme je viens de vous l’indiquer, ce ne sont pas des choses sur lesquelles ont communique. Nous préférons agir discrètement. Ensuite, Aguibou Touré est imam. Nous n’avons jamais nié cela. Seulement, il n’a pas la carte du Cosim.
C’est vous qui le lui avez refusé ?
Non. Il est libre de prendre sa carte de membre.
En plus d’être aumônier, imam, vous disposez d’une autre casquette. Celle de président d’une ONG, les Amis des malades et des personnes en détresse (AMAPD). En quoi consiste cette ONG ?
Comme son nom l’indique si bien, nous nous occupons des malades et des personnes en détresse. La structure existe depuis 2006. Les parents viennent nous voir pour les aider à prendre en charge une personne malade ou à faire face à des frais d’ordonnance. Récemment nous avons fait opérer une demi-dizaine de personnes avec un coût de 10 millions CFA.
Où trouvez-vous les moyens ?
Nous agissons avec nos propres moyens et aussi avec l’aide de bonne volonté. L’ONG vient de débuter la construction d’un hôpital à Anyama-Adjamé. Nous procédons à la distribution de kits alimentaires dans les hôpitaux pendant le ramadan.
Raphaël TANOH