L’Institut national de l’hygiène publique (INPH) a du pain sur la planche. Avant les enquêtes sur les cas d’empoisonnement au koutoukou à Abatta et les poissons mystérieusement morts dans la lagune, à Adjahui-Coube, il y a eu l’épidémie de dengue.
Et voici qu’il faut faire à présent face à la fièvre jaune. Déclarée la semaine dernière, cette épidémie a déjà fait près de 90 victimes, avec au moins 1 décès. Aujourd’hui, si l’on s’accorde à dire que c’est le résultat d’une campagne contre la dengue quelque peu négligée, puisque c’est la même famille de moustiques qui transmet les deux maladies, le casse-tête est de trouver comment colmater les brèches. « On ne peut pas accuser les autorités de n’avoir pas su démoustiquer les environs et éliminer tous les moustiques du genre aedes, parce que c’est une tâche quasi impossible », explique Vazoumana Sylla, membre du directoire de la Coordination des syndicats du secteur santé (Coordisanté). Pour lui, tout comme pour Boko Kouao, son porte-parole, l’efficacité de la campagne réside essentiellement dans la sensibilisation.
Difficultés multiples « Les moustiquaires ne servent à rien avec cette épidémie, parce que les moustiques responsables de la fièvre jaune piquent la journée. C’est une première difficulté. La deuxième, ce sont les endroits qui les attirent : les eaux stagnantes, les herbes, etc. C’est difficile à canaliser », ajoute M. Sylla. La sensibilisation ayant été désignée comme l’arme la plus efficace, elle se heurte toutefois à un autre problème : l’information. Elle ne circule pas. De sorte que la prise de conscience face à l’épidémie est assez relative. « Il faut que la population elle-même prenne conscience du problème », indique M. Kouao. Au District autonome d’Abidjan, la mobilisation n’a pas encore sonné. Selon un proche du gouverneur Robert Beugré Mambé, c’est l’INHP qui mène la danse. Mais les hommes du Pr Joseph Bénié Bi Vroh semblent débordés. Rien que dénombrer les gîtes larvaires demande une bonne mobilisation. Mais le top chrono pour tailler le gazon (notamment à Cocody) est lancé.
Transmission rapide Avec le mode de transmission de la dengue et de la fièvre jaune, similaire à celui du paludisme, le cycle de contamination peut être très rapide. Les symptômes sont également quasi identiques. Et les habitudes sanitaires ne facilitent pas les choses. Pour les personnes non avisées, les médicaments non adaptés concourent surtout à aggraver la situation, selon les responsables de l’INHP.
Raphaël TANOH