Les propriétaires de cliniques privées et autres officines sanitaires de proximité ont le sommeil troublé en ce début d’année. Le ministère de la Santé et la Direction des établissements et formations sanitaires (DEPS) ont entrepris d’assainir le milieu. À coup de fermetures et de mises en demeure, les autorités sanitaires semblent déterminées à venir à bout d’un mal qui ronge le secteur.
« La volonté affichée du gouvernement de rapprocher les structures de santé des populations ne se fera pas à n’importe quel prix ». Cette déclaration d’un cadre du ministère de la Santé se traduit sur le terrain par les actions de la Direction des établissements et formations sanitaires (DEPS), qui a investi certains quartiers de la capitale économique en vue d’y effectuer les contrôles d’usage. Et le constat est que de nombreux dispensaires et cliniques privés ne possèdent pas de permis d’exercer ou sont en déphasage avec les règles élémentaires de tenue et de fonctionnement d’un établissement sanitaire. Selon la Directrice de la DEPS, Dr Marie Josèphe Bitty, « la profession d’infirmier en Côte d’Ivoire est exclusivement réservée aux diplômés d’État sortis de l’INFAS », exigence qui est loin d’être respectée dans la pratique. Le Président de l’association des cliniques privées de Côte d’Ivoire, Dr Joseph Boguifo, s’insurge contre l’installation en dehors de toutes procédures de certains praticiens et dénonce le fait qu’ils « exercent la médecine comme un commerce ».
Des chiffres effrayant Selon le ministère de la santé, sur les 2 000 établissements de ce genre que compte le pays, 70% fonctionnent en toute illégalité. Pourtant, les populations sont friandes des soins prodigués dans ces cliniques de fortune. Les raisons essentielles dans les coûts des prestations offertes, deux fois moins chères que dans un hôpital public, et la possibilité d’y pratiquer des opérations interdites, sans avis médical, telles que les interruptions volontaires de grossesse.
« Nous venons ici surtout pour traiter de nos petits bobos de santé. C’est proche de nous et nous évitons les tracasseries propres aux grands hôpitaux publics », confie à JDA un parent de patient, qui ignore certainement que son enfant encourt des risques à se faire traiter par des personnes pas toujours qualifiées. « Des infections mal soignées peuvent à la longue développer des résistances aux traitements habituellement prescrits et aboutir à des complications » explique le Dr Doukouré, médecin généraliste.
En attendant la mise en place des réformes censées rendre le secteur plus viable, de nombreux Ivoiriens continuent de se soigner au rabais, dans des conditions qu’ils jugent souvent mieux plus que celles de certains hôpitaux publics.
Malick SANGARÉ