Kokounseu Madé Benson : « Les enseignants ont besoin d’être formés »

Dans cet entretien, Kokounseu Madé Benson, pédagogue de l’enseignement secondaire revient sur le suivi des enseignants sur le terrain.

Le niveau des enseignants est-il satisfaisant aujourd’hui?

L’enseignement est un métier qui demande une mise à jour des connaissances de façon perpétuelle. Aujourd’hui, les enseignants ne sont pas véritablement formés. Lorsque nous avons recrutés les contractuels, par exemple, nous les avons formés pendant seulement 41 jours. L’idéal, c’était qu’une fois dans les salles de classes, par trimestre, nous puissions les regrouper pour les former davantage, pendant deux années. Malheureusement, certains contractuels n’ont pas eu accès à la formation, parce qu’ils étaient dans des zones reculées. L’enseignement n’est pas théorique, mais pratique. Ce n’est que lorsque l’enseignant est en situation dans une salle de classe que vous pouvez déceler ses limites, pour les combler. 

Il faut savoir que même pour les enseignants qui ont reçu une formation classique, les méthodes changent. Il faut s’adapter. Hélas, à cause du nombre restreint d’inspecteurs pédagogiques et de l’absence de moyens, ils ne sont pas suivis de façon régulière. Au niveau académique, avec la réforme LMD (licence-master-doctorat), les choses ont également évolué. 

Le contenu de la formation au Cafop, à l’ENS, est-il adapté pour de meilleurs enseignants ?  

Nul ne peut mettre en doute le contenu des curricula de formation, parce qu’il est très bon et riche. Mais la mise en pratique pose problème, compte tenu du passif intellectuel de nos candidats qui accèdent au Cafop. Au niveau du diplôme d’instituteur adjoint stagiaire, par exemple, il y a 800 personnes qui ont été recalées. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire une sélection normale des personnes aptes à enseigner à l’école.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez aujourd’hui à l’école?

Les problèmes de l’école peuvent être classés en trois grands groupes. Il y a d’abord les problèmes d’ordre pédagogique, ensuite les problèmes systémiques et enfin, les problèmes de la gestion des ressources humaines et des infrastructures. Pour le troisième problème, il faut une meilleure répartition des ressources humaines. À Abidjan, par exemple, vous pouvez trouver des enseignants qui ont très peu de temps de cours, alors qu’à l’intérieur, certains en ont trop, à cause des effectifs réduits. Nous sommes obligés de faire appel à des bénévoles, des contractuels. Mais cela ne suffit pas. Pour ce qui est du système, il faut repenser le concours du CAFOP et celui de recrutement au secondaire également. Il faut y adjoindre des spécialités. Enfin, pour ce qui concerne la pédagogique, il faut donner les moyens aux pédagogues, avec leurs indemnités à la clé, afin qu’ils puissent mieux encadrer les enseignants.

Interview réalisée par Raphaël TANOH

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