Alors que les élèves se préparent à affronter les épreuves du baccalauréat, plusieurs enseignants des universités publiques de Côte d’Ivoire dénoncent un règlement de comptes.
La crise à l’université s’est quelque peu déportée vers l’organisation du baccalauréat 2019. Dans un communiqué dont nous avons reçu copie, la présidence de l’université Félix Houphouët-Boigny a exclu des enseignants de son établissement de l’organisation des examens du bac cette année.
Règlement de comptes Ces enseignants et chercheurs, au nombre de 11, sont issus des UFR de Sciences de la structure et de la matière technologique, de Biosciences, de Langues, lettres et civilisation, de Philosophie, d’Histoire et de l’Institut de géographie tropicale. D’après l’université de Cocody, impossible pour ces derniers d’être présidents de jurys du bac. L’université de Cocody explique cette décision par le fait que ces personnes sont sous le coup de sanctions disciplinaires après les grèves survenues fin 2018 et au mois de février 2019 dans les établissements supérieurs publics. La Direction des examens et concours (DECO), qui demande chaque année aux présidents d’université de lui fournir la liste des enseignants devant être présidents de jurys, a validé les noms envoyés par l’université Félix Houphouët-Boigny, provoquant le courroux de la Coordination nationale des enseignants et chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC). D’autant qu’en plus de l’université de Cocody, celle nommée Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo est aussi accusée par les enseignants d’avoir envoyé à la DECO une liste dont plusieurs enseignants réguliers aux jurys du bac ont été exclus. Mais les responsables de l’université expliquent que si ces enseignants ne figurent pas sur la liste c’est par simple oubli. Ce que réfute la CNEC, qui voit à travers ces différents faits un règlement de comptes. Pendant que le Docteur Frédéric Mobio, Secrétaire à l’organisation de la CNEC, y voit une manière de punir tous ceux qui ont fait la grève, le Pr N’Guessan Kouamé, Secrétaire national de la structure, vient d’annoncer qu’il ne rejoindrait pas son poste de président de jury à Adjouffou cette année, pour s’insurger contre cette situation. Le Professeur N’Guessan appelle également la DECO à ne pas se rendre complice de ces faits. Mais au sein de la direction on ne tient pas à s’attarder sur le sujet. « Nous nous référons aux listes que nous envoient les présidents d’université. Le reste ne nous concerne pas », explique un proche de la directrice de la DECO. À quelques jours du début du bac, la polémique enfle.
Raphaël TANOH