Mamadou Dosso, organisateur du Hadj et Président de Comité de gestion de la mosquée Salam d’Adjamé revient sur l’organisation du Hadj 2020 et les effets économiques néfastes de la pandémie à coronavirus.
Depuis l’annulation du Hadj 2020 par l’Arabie Saoudite, quelle est la situation des organisations privées ?
Nous tentons d’accuser le coup. Il faut dire que cela été une année difficile pour tous ceux qui se sont engagés dans ce créneau. Beaucoup d’organisations privées ont perdu énormément d’argent. Certaines battent de l’aile en ce moment.
L’État vous avait accordé 3 000 places comme quota. Aviez-vous tous commencé à enregistrer des clients ?
Heureusement, non. À mon niveau, par exemple, je suis resté prudent. J’ai attendu jusqu’à la dernière minute pour commencer à enregistrer des clients. Mais certains n’ont pas été aussi prudents. Ils ont eu beaucoup de voyageurs pour le pèlerinage.
Ont-ils remboursé leurs clients ?
Oui. Certains l’ont fait dès le tout début, quand ils ont senti que le Hadj pourrait être annulé. Certains n’ont commencé à rembourser qu’après l’annonce, avec tous les risques que cela pouvait comporter. Lorsque vous gardez l’argent des clients sur vous, avec les charges qui augmentent, vous êtes tentés d’y toucher à un certain moment et ce n’est pas bon. Le mieux à faire était donc d’éviter de prendre des clients. Je paye le loyer et les charges alors qu’il n’y a pas de rentrée d’argent.
Que regrettez-vous dans cette situation ?
Il n’y a aucune mesure des pouvoirs publics qui nous accompagne. Nous sommes habitués à être laissés pour compte depuis que l’État est également organisateur. Lorsque le Hadj est lancé, l’État nous laisse dans l’attente jusqu’au processus de recrutement. Mais avant cela il recrute des pèlerins. Quand le recrutement prend fin, on nous dit d’arrêter d’enregistrer des clients, mais pendant ce temps l’État continue de recruter. Quand le coronavirus est survenu, des pays comme le Sénégal ont demandé à leurs organisateurs privés de ne pas recruter. Cela n’a pas été le cas ici.
Tous les organisateurs privés ont-ils réussi à rembourser leurs clients ?
Difficile de le dire. Ceux avec lesquels je suis en contact ont pu rembourser, mais nous savons comment ils souffrent.
Entretien réalisé par Raphaël Tanoh