La FESCI comme un phoenix

Les étudiants ont marché pour réclamer la libération de Fulgence Assi, SG de la Fesci.

Alors que la majorité des observateurs la croyait définitivement éteinte après la crise post-électorale de 2010-2011, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) semble de nouveau renaître de ses cendres, comme un Phoenix.

Une fois de plus, l’adversité n’aura pas eu raison de la Fesci. Sortie affaiblie de la longue crise de 2010-2011, dans laquelle certains de ses militants ont pris une part active, le plus influents des syndicats estudiantins ivoiriens profite du regain de tension dans les universités publiques pour reprendre du poil de la bête. Mouvement plutôt classé à gauche, la Fesci, créée en 1990, avait pour ambition de lutter pour les droits des étudiants, à l’époque du président Houphouët-Boigny. Depuis lors, elle aura été maintes fois dissoute, ses leaders plusieurs fois embastillés, traqués et poursuivis devant les tribunaux. Comme certains de ses prédécesseurs, Fulgence Assi, l’actuel secrétaire général, a de nouveau fait parler de la Fesci, surtout depuis la mi-avril, reprenant à son compte leurs vieilles recettes : grèves, meetings et manifestations violentes.

À la clé un séjour dans les geôles de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), où il séjourne depuis le 17 avril, un passage obligé pour tout secrétaire général désireux de renforcer sa popularité auprès de ses militants. La Fesci « c’est un esprit, et non une banale organisation de jeunes scolarisés sous la houlette d’un chef charismatique dont la fin ne saurait être celle du mouvement », explique Joseph Martial Ahipeaud son tout-premier secrétaire général, et actuel président d’un petit parti de l’opposition. La période 2002-2011, marquée par la crise militaro-politique, sous la présidence Gbagbo, avait placé le syndicat estudiantin dans le box des milices accusées par certaines ONG internationales de violences à l’égard des opposants. Ces accusations étaient venues s’ajouter à la longue liste de rackets, bastonnades et viols présumés. En avril 2011, son secrétaire général d’alors, Augustin Mian, avait joué la carte de l’apaisement en faisant allégeance au président Ouattara, au grand dam de la majorité des sympathisants de l’ex-chef d’État, réunis au sein du Front populaire ivoirien (FPI). Aujourd’hui, la Fesci semble avoir fait volte-face, ce qui pousse certains cadres du Rassemblement des républicains (RDR), le parti au pouvoir, à soupçonner un « noyautage par l’opposition », et à réclamer sa dissolution.

Tony NAHOUNOUX

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