Si tout se passe bien, les travailleurs du privé de Côte d’Ivoire pourront connaître très bientôt une revalorisation salariale. Mais, pour cela, il faudra veiller au grain.
Le 1er mai dernier, le Premier ministre Patrick Achi annonçait la bonne nouvelle aux travailleurs du privé. Un accord venait d’être trouvé entre les salariés, le gouvernement et le patronat pour la revalorisation des salaires minima catégoriels conventionnels, de 9 à 18% selon les domaines d’activité. Les employés de l’enseignement privé, du secteur agricole ou de la transformation ne seront pas traités de la même manière. Ils assisteront néanmoins à un échelonnement des rémunérations grâce à une grille discutée et validée par les trois parties.
Revalorisation Reste la question essentielle. Cette revalorisation sur papier est-elle applicable? « C’est un comité tripartite qui a pris cette décision. L’État prendra un décret pour amener tous les patrons à respecter la mesure », croit dur comme fer Assiéné Koffi, Secrétaire général adjoint de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI). Ce sera loin de suffire, car la Côte d’Ivoire connaît des précédents en la matière. La revalorisation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), débutée en 2013, a du mal à être respectée dans de nombreux secteurs d’activité. Chez les employés de maison, on trouve des salaires sous les 30 000 francs CFA pendant que le SMIG vient de passer à 75 000 francs. Que ce soit Mamadou Soro, Secrétaire de la Centrale syndicale humanisme (CHS), ou Elie Boga Dago, Président de la Centrale Dignité, les leaders des faîtières appellent l’État à mettre la pression sur les patrons d’entreprises. Problème : il n’existe pas de sanctions suffisamment réalistes pour contraindre un chef de société à payer ses travailleurs selon la convention. « Dans les textes, il est stipulé qu’on peut aller jusqu’à la fermeture de l’entreprise qui se refuse de payer convenablement ses salariés », rappelle Assiéné Koffi. Sauf qu’une fermeture serait bien plus préjudiciable à l’État. Ce seraient des travailleurs non plus sous-payés mais au chômage. Et il faut que les premiers concernés acceptent de dénoncer. « Ce que nous voyons, c’est que les patrons trouvent des artifices pour contourner les mesures. Par exemple, les journaliers et les contrats à durée déterminé (CDD). Ce qui met les salariés dans des positions inconfortables. Ils craignent d’être renvoyés en cas de plainte. Il faut toujours en référer au délégué. Toutes les entreprises ont une organisation de travailleurs. C’est plus simple de dénoncer comme cela », propose M. Koffi.
Alors, la revalorisation des salaires minima catégoriels, selon lui, sera l’occasion pour le secteur privé de se mobiliser.
Georges Dagou