Depuis maintenant un an, le personnel soignant demande des décrets d’application pour que leur argent soit payé.
Sauf changement de dernière minute, ce samedi, le personnel soignant sera en conclave. Plus de deux ans après l’adoption de la nouvelle réforme hospitalière, les médecins et infirmiers n’ont toujours pas obtenu ses fameux décrets d’application concernant, notamment les primes d’incitation, les primes de risques. Après l’assemblée générale de juillet dernier, au cours de laquelle ils menaçaient de déterrer la hache de guerre, les autorités avaient réussi à calmer le jeu, en promettant la validation par un comité interministériel d’une dizaine des projets de décrets et leur transmission diligente au secrétariat général du gouvernement.
Lenteur Les projets de décret devaient ensuite finir sur la table du conseil des ministres. Et là, tout serait fini. « Nos textes ne sont toujours pas passés en conseil des ministres. Depuis les promesses faites, rien n’a bougé jusque-là », déplore Vazoumana Sylla, membre du directoire de la Coordination des syndicats du secteur santé (Coordisanté). Une assemblée générale, prévue le 9 septembre dernier, a été reportée in-extrémis, pour laisser la chance à la négociation. Lors de la rencontre qui a eu lieu avec le ministre Pierre Dimba, à la suite de ce report, ce dernier a donné des assurances fermes sur l’attention qu’il porte à ces préoccupations. Sauf que les conseils des ministres suivants n’ont pas abordé la question. D’où le maintien de l’assemblée générale à la fin de ce mois d’octobre. Qu’est-ce qui bloque la prise de ces décrets, plus de deux ans après les hourras poussés pour accueillir l’adoption de la réforme hospitalière ? Officiellement, au ministère de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, on rassure que le ministre a fait une proposition. Plutôt que de se cantonner sur les aspects financiers, Pierre Dimba a souhaité que tous les décrets concernant la réforme hospitalière soient rassemblés dans un seul panier pour être proposés au chef de l’Etat.
Ces décrets touchent à la fois la structuration des établissements publics hospitaliers (EPH), leur organisation financière et comptable, les primes, les indemnités, mais aussi l’organisation du travail. Certes, pour le personnel soignant, mettre ensemble tous ces points revient à noyer les plus essentiels. Mais c’est déjà ça. Sauf que la procédure prend du temps. Et la version officieuse de ce blocage inquiète. En effet, d’après les acteurs, c’est le coût financier que la prise de ces décrets entraînera, qui retarde tout. Cela ne dépend pas de la seule volonté du ministre de la Santé. Avec les effets du coronavirus, les autorités ne veulent pas en réalité ouvrir une autre poche de dépense. Du moins, pas maintenant.
Raphaël TANOH