Après le meurtre à Tunis du président de l'Association des Ivoiriens en Tunisie, Issiaka Konaté, directeur général des Ivoiriens de l’étranger au ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, revient pour Jeune Afrique sur les circonstances du drame. Le président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie a été tué à l’arme blanche ce week-end, dans des circonstances encore non élucidées. Un meurtre qui a suscité l’indignation à Abidjan comme à Tunis, où des centaines de ressortissants de la diaspora ont manifesté lundi devant l’ambassade de Côte d’Ivoire.
Jeune Afrique : Pouvez-vous revenir sur les événements dramatiques de Tunis, ayant occasionné la mort d’un ressortissant ivoirien ?
Issiaka Konaté : Tout d’abord, nous voulons lancer un appel au calme à tous les Ivoiriens et aux ressortissants d’Afrique subsaharienne en Tunisie. Depuis le début, nous suivons cette affaire de près, en collaboration avec notre ambassade. Les informations dont nous disposons font état d’un jeune Ivoirien, Falikou Koulibaly, qui a été abordé dans la rue par des individus qui lui réclamaient ses biens personnels. N’ayant pas obtempéré et continuant son chemin, il a été poignardé dans le dos par ces individus qui ont pris la fuite.
Malgré l’intervention des services d’urgence qui l’ont conduit à l’hôpital Mongi Slim, il a succombé à ses blessures lundi 24 décembre, aux alentours de 1h du matin GMT. La chargée d’affaires de l’ambassade ivoirienne à Tunis a saisi les autorités tunisiennes par note verbale. Les ministères techniques, le gouvernement ivoirien et le chef de l’État ont été saisis de cette affaire, qu’ils suivent de très près. La Côte d’Ivoire a saisi officiellement la Tunisie. Nous faisons entièrement confiance aux autorités tunisiennes pour que toute la lumière soit faite. L’ambassadeur de Tunisie en Côte d’Ivoire a été convoqué aujourd’hui [mercredi 26 décembre] par les autorités ivoiriennes à Abidjan.
À quel niveau en est l’enquête ?
Il y a eu six interpellations et un aveu de l’un des interpellés, dont le procès se tiendra dans les plus brefs délais. Nous avons beaucoup d’éléments d’informations de notre côté, et nous espérons que toutes les personnes impliquées dans ce crime seront traduites devant la justice. Les autorités tunisiennes ont aussi présenté leurs condoléances.
En Tunisie, des attaques racistes contre les subsahariens sont de plus en plus récurrents. Pensez-vous qu’il y ait un quelconque lien, ou bien s’agit-il d’un crime crapuleux ?
Des évènements pareils peuvent malheureusement intervenir, mais le problème, c’est que ce crime s’est déroulé dans un quartier où les attaques racistes contre les subsahariens sont récurrentes. Cela traduit un certain climat dans cette zone. C’est pourquoi il faut organiser de larges opérations de sensibilisation sur la perception de la migration. Dans le monde entier, il peut se produire des évènements dramatiques, mais il faut saisir l’opportunité pour punir les coupables et prendre des mesures pour protéger les subsahariens ou les populations les plus exposées à ce genre d’attaques.
Selon vous, quelles peuvent être les suites ?
Il y a eu des manifestations de subsahariens en Tunisie, mais je voudrais en appeler au calme. Le ministère des Affaires étrangères et celui de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’étranger suivent le dossier heure par heure. L’État ivoirien apportera toute sa compassion à la famille éplorée, et va collaborer étroitement avec les autorités tunisiennes pour éviter les incidents.
Nous allons continuer à déployer notre stratégie de protection de nos ressortissants et faciliter le retour de ceux qui le souhaitent, en collaboration avec l’OIM [Organisation internationale pour les migrations]. La dépouille de notre compatriote devrait arriver à Abidjan ce mercredi. Nous présentons encore une fois nos condoléances les plus attristées à la famille.
Avec Jeune Afrique