Symbole de la lutte estudiantine en Côte d’Ivoire au début des années 90, Ahipeaud Martial s’est depuis mué en homme politique. Il essaie d’imposer sa voix dans le paysage politique, sans grand résultat pour l’instant, mais il n’en démord pas pour autant.
C’est un Martial Joseph Ahipeaud très en verve, comme à son habitude, qui a été aperçu lors de la rencontre entre anciens secrétaires généraux de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), au domicile du Président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro, le dimanche 18 mars. Le nom du Docteur Ahipeaud est à jamais lié à l’histoire de la FESCI, pour avoir été parmi les fondateurs de l’organisation et aussi pour en avoir été le tout premier Secrétaire général. C’est ce syndicat qui a forgé son caractère d’homme politique foncièrement de gauche. Après un mandat passé à diriger la lutte estudiantine, il se retire au Royaume-Uni pour continuer sa formation académique. Inscrit à l’École des études orientales et africaines de Londres, il y décroche un doctorat. Consultant en relations et intermédiations internationales dans un cabinet anglais, il regagne le pays un peu plus tard et devient enseignant à l’université.
Décollage raté ? Sa carrière politique démarre sur des chapeaux roues en 2000, pendant la transition militaire. Le bouillant ex Secrétaire général de la puissante FESCI est nommé conseiller du Général Président Robert Guéi, de mars à novembre 2000. Sa collaboration avec la junte militaire fera long feu et il sera obligé de prendre ses distances. Déterminé à prendre sa place dans le giron politique ivoirien, il refait surface en 2006 et fonde son propre parti, l’Union pour le développement et les libertés (UDL), une formation politique qu’il veut positionner comme la « 3ème voie » nécessaire pour apporter les changements qu’il souhaite voir s’opérer dans la société ivoirienne. Mais le succès connu à la FESCI n’est pas au rendez-vous. Martial Joseph Ahipeaud, 52 ans, échoue à obtenir un mandat parlementaire en décembre 2011 et ne tente pas le coup en 2016. Homme de gauche, presque l’opposé de son successeur le plus célèbre, Guillaume Soro, il finit par trouver dans leur passé commun un élément de rapprochement. Il fut quasiment au four et au moulin dans l’organisation des « retrouvailles des ex Fescistes ». Mais, là où certains voient un rapprochement politique, Martial préfère s’en tenir au caractère « social, festif et de solidarité » d’une rencontre qui intervient dans un contexte de guerre de leadership, de positionnement et de reconfiguration politique, avec la montée en puissance de la génération 90. Dès le lendemain de cette rencontre, il était aux côtés de l’opposition pour apporter sa caution au retrait de ses représentants de la Commission électorale indépendante.
Malick SANGARÉ