Femme engagée et battante, Henriette Lagou se fait remarquer au sein du Conseil national de la résistance (CNRD) né en 2004 pour soutenir Laurent Gbagbo. Elle méritera le surnom de « Maman Sukhoï », allusion aux avions russes qui ont bombardé la ville de Bouaké cette année-là.
Présidente du Renouveau pour la paix et la concorde fondé en 2012, Henriette Lagou est une figure bien connue de l’espace politique ivoirien. Ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant en 2000, puis ministre des Affaires sociales et des Personnes handicapées en 2003, elle a également assuré la fonction de présidente du Conseil d’administration d’Air Ivoire.
Parmi les pionnières
L’une des rares femmes à être présidente de parti politique, Henriette Lagou se présente comme une alternative à la gente masculine. À la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011, « Maman Sukhoï » se réfugie au Ghana. Elle fait partie des premiers cadres soutenant l’ex-président de la République, à regagner Abidjan dès 2012. Elle reprend son combat politique auprès de Gervais Coulibaly et Kapran Appiah, un vieux compagnon de route. En mai 2014, Henriette Lagou se déclare candidate à l’élection présidentielle de 2015. Elle joint l’acte à la parole le 10 août 2015, en étant la quatrième à déposer officiellement son dossier de candidature, faisant d’elle la deuxième femme postulante à la magistrature suprême en Côte d’Ivoire. Même si elle n’obtient que 12 398 voix, soit 0,89% des suffrages exprimés, elle ne baisse pas les bras. L’un de ses objectifs étant surtout d’être à la pointe du combat pour un leadership féminin qui doit bousculer les hommes.
Centriste
À 57 ans, mère d’une fille, cette diplômée de l’École nationale d’administration (ENA), option Trésor, est de tous les combats. Et de tous les bords, selon ses détracteurs. D’abord membre du PDCI, elle rejoint Laurent Gbagbo en 2004. Aujourd’hui à la tête du RPC, elle se réclame d’obédience centriste, se disant convaincue que seule cette « alternative » aidera les Ivoiriens à renouer avec la culture du dialogue et de la paix, après « les crises aux conséquences désastreuses » qu’a connu la Côte d’Ivoire. Des crises qui selon elle, ont été engendrées par « le choc des extrêmes gauche/droite », qui ont pourtant guidé ses premiers pas en politique. Pour l’heure, Henriette peine à marquer l’espace politique de cette touche centriste. Et pourtant, au sein du Collectif de l’opposition démocratique (CODE), elle dispute le leadership à Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre et président du Front populaire ivoirien (FPI), accusé d’être « en intelligence avec le gouvernement Ouattara ».
Ouakaltio OUATTARA