Près d’un an après l’attaque terroriste de Grand Bassam, la Côte d’Ivoire reste toujours sur ses gardes, alors que la menace pourrait venir de cellules dormantes liées aux filières d’immigration clandestines.
Très rigoureuse au lendemain de l’attaque terroriste de Grand Bassam le 13 mars dernier, la sécurité aux frontières ivoiriennes estelle encore à la hauteur ? La question se pose, alors que la menace reste vivace et que les groupes terroristes, tra- qués de partout et perdant du terrain, ont décidé de changer de stratégie.
Menace intérieure
Selon des sources au sein de la police et du gouvernement, après de longues investigations sur les filières de migrations clandestines, des informations ont pu être collectées sur un chef terroriste. Ce dernier, qui porte le nom de guerre d’Adnane Abou Walid Al Sahraoui, de son vrai nom Lehbib Ould Ali Ould Saïd Ould Joumani, est installé au Niger et posséderait des réseaux dans les pays voisins, le Mali et le Burkina Faso. Au mois d’octobre dernier, ce chef terroriste a émis une fatwa appelant les combattants djihadistes à « retourner ou rester dans leur différents États pour continuer le combat ». Pour lui, il ne serait plus question « de regroupements ou de missions de combattants étrangers. Désormais, sa katiba (unité ou groupe de combat) s’engagerait à fournir son expertise et à prodiguer des conseils pour que les nationaux mènent le combat dans leur pays. »
L’enjeu des frontières
Nos sources révèlent que des candidats ivoiriens à l’immigration clandestine auraient été approchés par des réseaux terroristes, afin de les appuyer en Côte d’Ivoire. Al-Sahraoui, transfuge du MUJAO (un groupe terroriste qui sévissait dans le nord du Mali en 2012) et ayant fait allégeance à l’État islamique, semble se cacher avec sa katiba com- posée de combattants peuls, dans une enclave triangulaire entre le Niger, le Mali et le Bur- kina Faso, confirment d’autres sources. Ces menaces ont été prises très au sérieux par les autorités ivoiriennes. D’autant plus que les frontières nord de la Côte d’Ivoire se trouvent à une relative proximité du sanctuaire de cette katiba, et notamment les villes de Tingréla, Boundiali et Korhogo. « Il faut démanteler toutes les filières d’immigrations clandestines et renforcer les contrôles au niveau des frontières, tant pour les sorties que pour les entrées », estime un sécurocrate à Abidjan. Selon ce dernier, il faut également bien surveiller tous ceux qui ont échoué à l’immigration et sont retournés chez eux.
Ouakaltio OUATTARA