Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan n’ont pas eu le temps de savourer leur union que les divergences ont éclaté. Revendiquant la paternité de la plateforme de l’opposition, Affi N’Guessan, dont le parti pourrait siéger à la CEI, tourne-t-il le dos au PDCI ?
Est-ce la fin de l’idylle entre Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié ? Cela y ressemble. Alors qu’ils ont prôné la mise en place d’une plateforme de l’opposition pour battre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’horizon s’est aussitôt assombri entre les deux principaux ténors de celle-ci au lendemain de la libération conditionnelle de Laurent Gbagbo. Bédié avait choisi son camp dans un Front populaire ivoirien (FPI) divisé.
Plus de contacts Lui et Affi se sont pas parlé depuis un peu plus de trois mois et chacun évolue désormais selon son propre calendrier. Reprochant à Henri Konan Bédié de lui tourner le dos, Affi N’Guessan a décidé de renouer le dialogue avec le gouvernement autour de la Commission électorale indépendante (CEI) et souhaite reprendre son destin en main. « Bédié a été le premier à rompre l’élan dans lequel nous étions. Affi N’Guessan laisse la porte ouverte mais ne sera pas utilisé comme cheval par Bédié », laisse entendre, amer, un cadre du FPI. « La volte-face de Pascal Affi N’Guessan sur la question de la CEI ressemble à une envie de se démarquer de Bédié », explique le politologue Firmin Kouassi. Mais pour Jean Bonin, cadre du FPI, « Affi pratique une politique réaliste », car « après les négociations entreprises par le Président Affi, les lignes commencent sérieusement à bouger ». Du côté du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié préfère multiplier les appels du pied en direction de Laurent Gbagbo, qui fédère « la majorité des militants du FPI », explique un membre du Conseil des sages du parti. Selon ce dernier, pour la conquête du pouvoir en 2020, en plus de compter sur ses propres forces, le PDCI devra s’appuyer sur un allié de taille. « Dans le climat actuel, Laurent Gbagbo pourrait devenir le faiseur de roi et faire pencher la balance au profit du PDCI » explique ce dernier, pour lequel rien n’est joué d’avance car les « alliances doivent être ponctuelles et contextuelles tout en tenant compte des rapports de forces », affirme-t-il.
Ouakaltio OUATTARA