Après plusieurs échecs dans la prise et le contrôle de la base militaire de Kafolo, les terroristes, à la frontière ivoirienne et burkinabé, sortent une autre carte. Celle de la prise d’otages.
Dans leur volonté de conquérir plus d’espace, les terroristes sont confrontés à une opposition de l’armée ivoirienne dans la zone de Kafolo. Après avoir essuyé un revers face aux forces de sécurité en mars dernier, les groupes terroristes avaient intensifié leur présence dans cette zone frontalière en infiltrant la population et en posant par endroits des bombes artisanales. Des méthodes qui devaient contribuer à saper le moral des troupes, avant d’envisager une autre attaque de ce camp militaire, qui a renforcé son dispositif sécuritaire.
Nouvelle dimension Le lundi 12 juillet 2021, quatre employés d’une société de BTP sont enlevés dans le village de Nasian, près de la frontière avec le Burkina. Trois seront relâchés et, à date, le chauffeur manque encore à l’appel. Dans l’armée, on soupçonne cette entreprise ou ses agents d’avoir payé des rançons afin de recouvrer la liberté. Bien avant ces employés, certains riches commerçants de la zone ou leurs proches parents avaient été victimes d’enlèvements. Ils avaient eux aussi vite recouvré la liberté après avoir payé des rançons, explique une autorité locale de la zone. Le président des jeunes de Boré, un autre site de cette localité, a échappé à ces groupes en avril. Des sources sur place confient que les terroristes le soupçonnaient de donner des informations précises sur leurs déplacements à l’armée ivoirienne. Depuis, même s’ils n’ont pas encore annexé une partie du territoire, ils font des apparitions dans certains villages et en profitent pour enlever des personnes. « Le paiement d’une rançon, ce sont des armes, des véhicules, du carburant. L’argent permet aussi d’acheter le silence des populations locales », explique un colonel ivoirien. Selon ce dernier, entre mars en juin 2021 les activités des « coupeurs de route » s’étaient intensifiées dans cette zone. « Cela donne l’impression qu’ils cherchent de quoi entretenir leurs combattants. Même s’ils peuvent recevoir de l’aide extérieure, ce qui est bien probable, ils ont besoin par moment de cash pour leurs besoins primaires », confie un gendarme en activité dans la région. L’objectif, selon ce dernier, est de renforcer le sentiment de peur au sein de la population afin de faciliter leur intégration mais aussi d’avoir les moyens d’attirer de nouveaux combattants.
Yvan AFDAL