D’abord partagée entre les partisans du boycott et ceux qui désiraient participer aux élections, l’opposition ira en rangs dispersés aux législatives. Faisant capoter ainsi une union qui avait fait rêver plus d’un opposant.
L’union sacrée de l’opposition face au parti au pouvoir vient de voler en éclats. Chancelante au lendemain de l’élection présidentielle du 31 octobre, elle vient de se faire harakiri dans la course pour les élections législatives. Et pour cause : elle n’a pu s’entendre sur une liste commune. L’alliance se fera désormais entre le PDCI et EDS, excluant de facto le FPI dirigé par Pascal Affi N’Guessan et tous les autres petits partis qui espéraient avoir droit au chapitre.
Dispersés En allant en rangs dispersés aux législatives, l’opposition réduit ses chances d’avoir des candidats consensuels pour les 255 fauteuils en jeu. Certains de ses membres devront s’affronter dans plusieurs bastions. Ce qui pourrait être profitable aux candidats du RHDP. Le parti au pouvoir, maitre incontesté de la partie nord du pays, part à ces élections avec une avance de plus 60 fauteuils « acquis ». Piocher dans les bases de l’opposition et lui prendre des circonscriptions où les partis sont à équidistance sera du pain bénit pour le parti d’Alassane Ouattara, en quête d’une majorité absolue au Parlement. En plus de cela, l’opposition devra compter avec des indépendants issus de ses rangs.
L’avenir en pointillés Mais, au-delà des élections législatives, ce qui se joue c’est l’avenir de la plateforme de l’opposition. En lieu et place d’une plateforme commune, des clans naissent déjà au sein des partis. « Le PDCI et EDS veulent réduire l’opposition à leurs seuls partis. Ce n’est pas élégant et cela met à mal la cohésion au sein de celle-ci », explique de son côté le camp Affi, qui y voit un prolongement du combat pour le contrôle du FPI. Mais au PDCI l’on explique vouloir être « réaliste », car les principales forces de l’opposition sont le PDCI et EDS. Désormais, trois blocs se dégagent. Celui conduit par la paire Bédié - Gbagbo, celui de Pascal Affi N’Guessan et celui de Guillaume Soro, qui, bien qu’isolé et enregistrant des défections parmi ses alliés, ne s’avoue pas encore « hors-jeu ». Les lendemains des législatives pourraient être mouvementés au sein de l’opposition. Ce qui devrait être également du pain bénit pour le RHDP.
Yvan AFDAL