Son image avait fait le tour des télévisions du monde quand il avait empêché la proclamation des résultats du second tour de la présidentielle ayant opposé les candidats Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Bien qu’en exil depuis avril 2011, Pickass Adia Damana est cité comme l’un des présumés instigateurs des tentatives de déstabilisation d’Abidjan.
Leader de l’ex-galaxie patriotique, auprès de Charles Blé Goudé, Pickass Adia Damana, ex - Secrétaire national de la jeunesse du Front populaire ivoirien (JFPI) de 1998 à 2001, vit en exil depuis avril 2011 au Ghana. Intervenant très souvent dans le débat politique ivoirien, il est dans le collimateur du pouvoir d’Abidjan, qui affirme avoir des preuves de son implication dans les récentes attaques des postes de police et de gendarmerie, courant juillet et août.
Déstabilisateur ? En 2012 déjà, un rapport des experts indépendants de l’Onu le présentait comme l’organisateur d’une campagne de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, en collaboration avec des membres de la junte militaire du capitaine Amadou Aya Sanogo et des islamistes d’Ansar Dine, qui sévissaient dans le Nord du Mali. Ce rapport avait été publié après une série d’attaques de camps militaires visant à déstabiliser l’administration Ouattara. « Je n'ai jamais pris contact, directement ou indirectement, avec le capitaine Sanogo, ex-chef de la junte militaire malienne. Je ne connais pas Ansar Dine. Je tombe des nues. Les réfugiés pro-Gbagbo ne demandent qu'à vivre en paix » s’est-il toujours défendu. Diplômé en droit de l’université de Cocody et administrateur civil, il va convaincre l’ex ministre de l’intérieur, Désiré Tagro, à faire de lui son représentant au sein de la Commission électorale indépendante (CEI). Un choix payant pour sa formation politique, car, profitant des dissensions internes à la Commission, il avait réussi à empêcher la proclamation des résultats donnant Laurent Gbagbo perdant. Il marquait ainsi le début d’une longue crise électorale.
À 45 ans, ce tribun et harangueur de foules, qui avait tenu en haleine les partisans de l’ex-régime est menacé par un mandat d’arrêt international. Le dernier Conseil national de sécurité, tenu le 7 septembre, le cite nommément comme l’un des instigateurs des récentes attaques perpétrées contre des postes de police et de gendarmerie dans les localités de Bingerville, Fresco, Azaguié, Cocody, Ndotré, Songon et Adzopé. Abidjan, qui soutient avoir des preuves, compte les transmettre à Accra, afin qu’il soit arrêté et extradé, comme son ex-compagnon de lutte Charles Blé Goudé en 2013. Jean Paul Criwa, un proche du président du COJEP, disait à son propos : « Damana Pickass, envieux et jaloux, n’a guère apprécié la nomination de Charles Blé Goudé au poste de ministre de la Jeunesse et de l’emploi dans le gouvernement d’Aké Ngbo » C’est que les deux hommes ont toujours évolué dans la rivalité, à l’ombre de leur leader, Laurent Gbagbo, à en croire les observateurs.
Malick SANGARE