Tia Koné, Un comeback en souplesse

Son ton grave et solennel à la télévision nationale, lorsqu’il lit d’interminables déclarations ponctuées de « considérant que », restera longtemps gravé dans la mémoire des Ivoiriens, tant ses sorties ont eu une incidence majeure sur le cours de l’histoire politique du pays. Aujourd’hui, c’est en chef de parti politique qu’il réapparait.

Militant de l’Union pour la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire (UDPCI), Tia Koné n’y a jamais occupé de poste de responsabilité et ses rapports avec les dirigeants du parti arc-en-ciel ont souvent été tendus. Sa collaboration avec ses camarades de l’UDPCI a finalement tourné court ces derniers temps et, pour ne pas rester en marge de la vie politique du pays, l’ancien Président de la Cour suprême a décidé de faire chemin tout seul, en créant sa propre formation politique le 21 avril 2018. L’Union pour la défense républicaine (UDR) sera l’instrument par lequel il donnera désormais de la voix pour apporter à sa manière sa pierre à l’édification d’une Nation forte et prospère.

Controversé Son nom rime avec controverse depuis octobre 2000, quand il prit un arrêt qui excluait de la course à la présidentielle les candidats Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Une décision de justice diversement appréciée, qui fera dire à certains que Tia Koné faisait partie des personnes qui ont précipité la Côte d’Ivoire dans les affres de la guerre. Et son mea culpa, intervenu 13 ans plus tard, n’y changera pas grand-chose. « J’affirme qu’il n’a jamais été dit dans l’arrêt du 6 octobre 2000 que M. Alassane Ouattara n’était pas Ivoirien. Cet arrêt, à notre grand regret, a causé un tort au concerné, à sa famille et à bien des Ivoiriens. Je m’excuse devant la Nation entière ». Si plus d’un en a ri, oubliant le contexte très tendu de 2000, certains Ivoiriens continuent de penser que l’ancien Président du Conseil constitutionnel, « blacklisté » depuis, tente d’échapper à un fardeau qui lui pèse encore.

Depuis sa retraite de la magistrature, il tente de se faire un nom en politique, mais avec le passif qui est le sien la tâche parait plus qu’ardue. Mais qu’à cela ne tienne, le Président de l’UDR espère se frayer un chemin sur le terrain de l’opposition en définissant son parti comme étant de centre droit. « Nous n'approuverons que les actions qui méritent d'être approuvées. Si nous ne sommes pas d'accord, nous irons nous informer et nous exprimerons notre désaccord sur des points précis. Nous le ferons de manière polie, respectueuse », a-t-il déclaré lors de la présentation officielle de sa formation politique. Il annonce ainsi les couleurs d’une opposition qui pourrait être une antichambre de la coalition au pouvoir.

 
Malick SANGARÉ

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