Président de la Nouvelle alliance de la Côte d’Ivoire pour la patrie (NACIP), un parti d’opposition, Mohamed Sam Jichi, dit « Sam l’africain », a témoigné à visage découvert en février dans le procès Gbagbo-Blé Goudé. Depuis lors, il a refait surface sur la scène politique nationale.
Homme politique ivoirien d’origine libanaise, Mohamed Sam Jichi, 53 ans, a réussi à tirer profit de son séjour à la Cour pénale internationale (CPI) au mois de mars, dans le cadre du procès de l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo et du patron des « jeunes patriotes » Charles Blé Goudé. De retour à Abidjan où il vit, cet homme à l’allure débonnaire a multiplié les meetings aussi bien dans la capitale économique ivoirienne que dans les provinces, et donné des interviews dans plusieurs médias nationaux, comme internationaux. C’est un personnage politique particulièrement « adoubé », et dont la voix semble compter, qui refait ainsi surface dans son pays.
Presque toujours vêtu d’un boubou traditionnel typique des populations ivoiriennes du nord et de l’ouest ivoirien, ou dans une tenue de pagne, Sam, grand amateur de bagues, dont il porte une multitude, s’est révélé aux ivoiriens à la faveur de la crise politico-militaire entre 2002 et 2011. Son engagement politique, il le vit sur le terrain à partir de 2007 au sein de la galaxie patriotique, un mouvement de jeunes dirigé par Charles Blé Goudé, jusqu’à la fin de la crise postélectorale en 2011, qui a marqué l’accession au pouvoir du président de la république Alassane Ouattara.
Son combat pro-Gbagbo, il le paiera le 14 novembre 2013, date à laquelle il est arrêté puis déféré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), pour ses multiples déclarations en faveur de la libération de l’ancien chef de l’État, avant d’être relaxé quelques mois plus tard.
Aujourd’hui, Sam l’Africain, qui se présente comme un opérateur économique, a pris position dans la guerre fraternelle que se livrent les leaders du Front populaire ivoirien (FPI), pour choisir le camp de Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre, et actuel président du parti, contre la frange dirigée par Abou Dramane Sangaré. Cela dit, il joue l’apaisement en appelant régulièrement à la réconciliation entre « tous les fils du FPI ». Mais pour ses détracteurs, dont Elie Hallassou, chef d’entreprise et militant du Rassemblement des républicains (RDR), le parti au pouvoir, Mohamed Sam Jichi est un personnage « trouble, pas très fiable » et « avide d’argent ». Des piques auxquelles le président de la NACIP dit préférer « ne pas répondre ». Pour l’heure, il semble profiter de son regain de notoriété, acquis grâce à son passage comme témoin à charge contre son mentor en procès à la CPI.
Ange TIÉMOKO