Le phénomène de transhumance des électeurs pourrait porter préjudice à certaines populations. Lors du dialogue politique, l’ensemble des partis a souhaité que des mécanismes soient trouvés afin d’y mettre fin.
Le phénomène est très perceptible lors des élections locales et nombre de candidats y ont recours. La transhumance des électeurs a pendant longtemps impacté les élections au niveau local. Des électeurs qui, lors de l’élection présidentielle, se réinscrivent dans leurs lieux de résidence. Fin 2019, les partis politiques se sont accordés pour mettre fin à ce phénomène. Et la Commission électorale indépendante (CEI) est à pied d’œuvre pour le faire.
Liste grise Selon une source proche de la CEI, le débat est en cours en interne. La commission, qui s’apprête à lancer l’opération de révision de la liste électorale afin d’y ajouter les nouveaux électeurs, songe à créer une « liste grise » pour les nombreux cas de transhumance constatés lors de l’élection législative de 2016 et des élections locales de 2018 (régionales et municipales couplées). « Des électeurs pourraient ne pas se retrouver sur la liste électorale de par leur faute. Tous les cas de transhumance seront traités et si nous voulons appliquer strictement le nouveau Code électoral, ils ne prendront pas part au vote », explique notre source. Toujours selon elle, « une solution politique pourrait être trouvée à leur problème mais, pour l’heure, ce n’est pas le cas ». Avec environ sept millions d’électeurs actuellement, la liste électorale devrait atteindre neuf millions d’inscrits, selon les prévisions optimistes de la CEI. La liste grise pourrait concerner environ cinq cent mille électeurs convoyés lors des élections locales. Ces derniers, selon une autre source, devraient soit maintenir leur lieu actuel de vote soit prouver, pièces à l’appui, leur changement de domicile. « Il s’agira de fournir un certificat de résidence et nous allons veiller à ce que cela soit fait dans la transparence », avertit une source. Cela devrait ouvrir une phase de contentieux après la publication de la liste électorale, prévue pour le mois d’août. La situation, comme en 2010, pourrait faire grincer les dents certains partis politiques ou certains électeurs. « Les moins vigilants pourraient perdre leur droit de vote. Et, pour l’heure, ce n’est pas la préoccupation des partis politiques », explique un défenseur des droits de l’Homme.
Yvann AFDAL