Élues contre toute attente dans leurs différentes circonscriptions, Belmonde Dogbo et Célestine Trazéré s’imposent de plus en plus dans le paysage politique ivoirien. Une montée en puissance qui ne les a pas mises à l’abri du conflit entre les géants de la classe politique
Le 5 mars, alors que le bureau de l’Assemblée se réunit pour les derniers réglages en vue de l’élection du Président du Parlement, prévue le 7 mars, le ton monte entre les parlementaires Belmonde Dogbo et Célestine Trazéré Olibé. Au centre de la discorde, les conditions de la démission de l’ex Président. Mais, dans le fond, chacune d’elle travaille depuis longtemps à neutraliser l’autre. Belmonde Dogbo, qui en est à son premier mandat parlementaire, avait été élue sous une bannière indépendante en 2016. Militante de l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI), elle rejoint le RHDP en 2017, alors qu’une partie de la direction de son parti penchait pour un retrait de la coalition au pouvoir. Député d’Issia depuis 2011, Célestine Trazéré, qui lorgnait le fauteuil de maire de cette ville, n’a pu être adoubée par le Rassemblement des républicains (RDR) aux élections municipales d’octobre 2018. En indépendante elle n’avait pas pu rafler la mise face au candidat du parti. Une défaite qui a favorisé sa prise de distance.
Sœurs ennemies Elles sont toutes deux de la même sphère géographique (Haut Sassandra). Belmonde, réputée proche du premier ministre Amadou Gon Coulibaly, et Célestine, devenue le bras droit de Guillaume Soro. Récusée par le RDR au sein du bureau de l’Assemblée, son mentor avait pesé de tout son poids afin qu’elle y soit maintenue. Toutes deux de l’ethnie bété, fief du Front populaire ivoirien (FPI), alors qu’elles formaient une paire parfaite pour faciliter l’implantation du RHDP dans cette zone, elles se positionnent désormais face à face. Comme des seconds couteaux dans la bataille de positionnement entre leurs leaders respectifs. « Oreille du Premier ministre pour l’une et oreille de l’ex Président de l’Assemblée nationale pour l’autre, elles ont, de façon subtile, endossé la bataille politique de leur désormais chapelle et chacune d’elle devrait se positionner comme l’une des colonnes de la bataille pour la conquête du pays bété », explique un de leur collègue parlementaire. En cas d’élection d’Amadou Soumahoro, Belmonde Dogbo est assurée de conserver sa place dans le bureau de l’Assemblée. Un poste au gouvernement ne lui est pas non plus fermé. A contrario, Célestine Trazéré, qui a déposé sa démission du RDR pour suivre son mentor, sera membre du groupe parlementaire le « Rassemblement ». Une sorte de guerre froide devrait désormais rythmer les relations entre ces deux figures montantes de la politique ivoirienne.