Ils ont évolué presque main dans la main, de la FESCI au RACI, en passant par la rébellion et le RDR. Après près de vingt ans de collaboration, leurs chemins semblent se séparer. Après la passe d’armes de la semaine dernière, ils sont désormais dos à dos.
Victime de la bataille pour le contrôle de la Fédération estudiantine et scolaire (FESCI) autour des années 2000, Mamadou Kanigui Soro prend langue avec le peuple ivoirien en 2001, lors du Forum pour la réconciliation. Quelques années plus tard, lui et Guillaume Soro se retrouvent en plein milieu de la rébellion ivoirienne. Le rapprochement est immédiat à l’époque et les deux hommes développent une certaine complicité.
Discorde de longue date Alors que la rébellion travaille à faire tomber Laurent Gbagbo, un autre défi, en interne, se présente. L’avenir des Forces nouvelles. Kanigui Soro comprend très vite les ambitions de son « patron » et espère pouvoir jouer sa partition. Dès 2013, il met en place le Rassemblement des amis de la Côte d’Ivoire (RACI), un mouvement à la solde de Guillaume Soro. Il attend beaucoup mais reçoit peu et soupçonne l’entourage immédiat du Président de l’Assemblée nationale de cette époque de vouloir lui faire ombrage. « Soro a confiance en très peu de personnes et Kanigui ne fait pas partie de ces dernières », confie un proche collaborateur de Guillaume Soro. À juste titre. Même si Kanigui est à la base de la création d’un groupe parlementaire au profit de Guillaume Soro, celui-ci lui préfère Célestine Trazéré. Kanigui encaisse le coup sans rien dire, mais ne le digère pas. Il rumine et se mure dans le silence. Quand vient le moment de porter la candidature de Guillaume Soro à la présidentielle, il espère un retour d’ascenseur, car il est le premier à avoir créé un mouvement de soutien proche de lui. Que nenni. La candidature sera portée par Générations et peuples solidaires (GPS). La frustration de trop pour Kanigui, qui, depuis la prison, prend ses distance avec son « patron » et se confie à certains de ses proches. « Il y a une grande crise de confiance entre Guillaume et moi. Il vide le RACI au profit de GPS et me mène un combat », explique-t-il à l’un de ses visiteurs assidus, auquel il confie sa volonté de retirer le soutien du RACI à Guillaume Soro. Il lui adresse dans la foulée sa lettre de démission de son groupe parlementaire. Éjecté du RACI par certains de ses camarades, il se maintient toujours à la tête de ce parti, créant ainsi le premier bicéphalisme dans la « galaxie » soroïste.
Yvann AFDAL