La page de l’épisode Michel Gbagbo contre Guillaume Soro n’est pas encore tournée. Là où les observateurs politiques ivoiriens croyaient ce chapitre clos, la juge française Sabine Khéris vient de rouvrir la procédure judiciaire.
À la surprise générale, la Juge française, Sabine Khéris (57 ans), a transmis une convocation à Guillaume Soro afin de comparaître à son cabinet à Paris le 24 novembre dernier. L’ex premier ministre ivoirien, par la voie de ses avocats avait alors indiqué que le dossier avait été classé en 2016 et qu’il n’était pas question pour lui de répondre à une quelconque convocation. Depuis les avocats des deux camps sont lancés dans une bataille juridique. Pour rappel, Guillaume Soro, est accusé par le fils de Laurent Gbagbo, d’arrestation, enlèvement, séquestration, détention arbitraire suivie d’une libération avant le 7è jour pour des faits commis du 29 mars 2011 au 11 avril 2011. Guillaume Soro était alors premier ministre, ministre de la défense.
Double vitesse Habituée des dossiers complexes et sensibles notamment, avec celui de l’affaire du bombardement visant des soldats français à Bouaké en novembre 2004, Saine Khéris, doyenne des juges d’instruction au tribunal de Paris, ne compte pas lâcher l’affaire de sitôt. Mais cette procédure intervient dans un contexte où Michel Gbagbo membre du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPACI), milite pour la libération de toutes les personnes condamnées dans le cadre de la crise postélectorale de 2011. Face à un Guillaume Soro tombé en disgrâce et qui a rejoint la cause des opposants ivoiriens. Dans le fond, ce qui se joue semble être une « vengeance d’un fils pour son père » explique le sociologue Rodrigue Koné. Selon ce dernier, tout en attaquant devant les tribunaux Guillaume Soro, Michel souhaite « laver l’affront de la perte du pouvoir de son père dont Guillaume Soro fut un artisan clé ». Pour Guillaume Soro et ses proches, pendant que l’on parle de réconciliation et surtout de rapprochement entre les partis d’opposition, cette affaire est mal perçue et certains soupçonne la main de Gbagbo, ce dernier ayant gardé le silence depuis le rebondissement. Mais dans la galaxie « Soroistes » l’on peut craindre une arrestation « à tout moment » de leur leader. Si l’on se réfère à l’affaire Michel Fourniret accusé du meurtre d’Estelle Mouzin en 2003 et qui avait mis la juge sous le feu des projecteurs en France, Guillaume Soro, n’est pas encore sorti de l’auberge, même si ses avocats, ont déposé une requête en nullité afin d’obtenir l’annulation de l’ensemble des actes de procédures qui seraient pris en violation de l’immunité de leur client.
Hendrix KONE