Le préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi, va-t-il réussir là où des ministres ont échoué ? Parviendra-t-il à débarrasser Abidjan des syndicats du secteur du transport, communément appelés « Gnambros » ? Il lui faudra plus que de la détermination.
Koumassi, Yopougon et Cocody sont les premières communes du district d’Abidjan que le préfet d’Abidjan Vincent Toh Bi (51 ans) veut débarrasser des syndicats des transports urbains. Le moment et le contexte lui sont favorables. Bagarres entre syndicats à Koumassi ou encore assassinat d’un gendarme à Yopougon ont suffi pour lui permettre de monter au créneau et faire face à « cette gangrène », qui mine le transport urbain.
Efficacité Nommé en 2016 à la préfecture d’Abidjan, en remplacement de Sidiki Diakité, devenu ministre de l’Intérieur, celui qui est devenu à 48 ans le plus jeune préfet hors-grade, plus jeune préfet d’Abidjan et le plus jeune préfet de Région, est titulaire d’un doctorat en Lettres modernes. Arrivé au ministère de l’Intérieur et de la sécurité en 2014, en qualité de conseiller du ministre Hamed Bakayoko, il gagne vite la confiance de ce dernier, qui le nomme directeur de Cabinet adjoint, chargé de l’Administration du territoire. Très présent sur les réseaux sociaux et devant les caméras, chacune de ses sorties sur le terrain est minutieusement distillée sur les écrans de télé et ses pages Twitter et Facebook. Au-delà de marquer les esprits, Vincent Toh Bi compte bien laisser une trace indélébile de son passage à la préfecture d’Abidjan en mettant fin aux activités des gnambros, qui engrangent quotidiennement, et de façon parallèle et illégale, plus de 106 millions de francs CFA dans le transport abidjanais. Ce n’est pas la première fois que des autorités tentent d’abattre cette « mafia ». Les initiatives antérieures ayant échoué, plus d’un observateur est sceptique quant à la réussite du préfet. Mais Toh Bi peut se prévaloir d’une riche et brillante carrière à l’international, entamée en 2003 à l’EISA (Electoral institute of Southern Africa), où il a été successivement Directeur - Résident en République démocratique du Congo et Directeur des Programmes, basé à Johannesburg. Avec cette institution, Vincent Toh-Bi Irié participera à la conception, au suivi et à l’exécution de programmes de gouvernance ou de sortie de crise dans de nombreux pays d’Afrique et bien au-delà. Ces atouts devraient lui permettre de réussir là où les autres ont échoué. Pour l’instant, les premiers pas sont en sa faveur. Parviendra-t-il à tenir ce cap sur la durée ? Une chose est de commencer et une autre est de tenir bon pour mettre définitivement fin à un système qui renait chaque fois de ses cendres.
Ouakaltio OUATTARA