Madina Tall, Ivoirienne, féministe

Madina Tall, Ivoirienne, féministe, et citoyenne du Monde est éditorialiste et analyste politique et géostratégique. Diplômée en Diplomatie et relations internationales et en études stratégiques, sécurité et politique de défense.

Quel regard portez – vous sur l’évolution de la démocratie  en Afrique ?

La démocratie en Afrique est un héritage presque dans son entièreté du modèle importé occidental. La démocratie c’est  « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple », suivant la célèbre citation d’Abraham Lincoln encore que cela est critiquable. Pourtant, la démocratie telle que pratiquée en Afrique tend à être hybride car les ficelles entre démocratie et non-démocratie s’entremêlent au profit de despotisme, népotisme et dictature aux couleurs démocratiques.

Il va falloir donc d’un point de vue extrême, « Africaniser » notre démocratie. J’entends par cela, l’adapter à nos réalités africaines. Alternativement dans une certaine mesure, l’on pourrait faire une refondation profonde de notre système.

Quelle lecture faites-vous de la classe politique ivoirienne ?

La classe politique ivoirienne est hantée par sa vieille classe notamment, houphouétiste. Aujourd’hui, la scène politique est tombée en désuétude car elle est aux antipodes de la demande populaire et la priorité d’alternance politique par la montée en puissance d’un nouveau profil d’acteurs politiques. Il faut dire aussi que les fractures politiques dues aux incessantes recompositions des partis politiques à la solde des enjeux électoraux  ont participé à la détérioration de la pratique politique en Côte d’Ivoire. Cette politique est devenue plus un jeu d’intérêts politiques à des fins personnelles plutôt que pour une pérennisation des visions et idéologies politiques participatives au développement des politiques publiques nationales.

 

Quels sont les maux que l’Afrique doit corriger pour plus de  démocratie ?

Le problème majeur qui touche directement nos systèmes démocratiques en Afrique reste la persistance des considérations tribales, ethniques et claniques. Phénomène qui d’ailleurs est fortement ressenti dans le processus électoral et est utilisé à des fins électoralistes et de clientélisme politique. Le seul moyen pour y remédier est l’éducation et le développement d’une culture politique et de bonne gouvernance effective.

Vous vous positionnez comme une panafricaniste ?

Je n’apprécie pas ce terme de panafricaniste car il semble être réducteur dans l’idéologie première du panafricanisme et ne semble pas tenir compte de l’atmosphère de globalisation dans lequel se retrouve chaque citoyen du monde y compris les africains eux-mêmes.  Je préfère donc le terme de citoyenne du monde aux couleurs africaines. C’est-à-dire, citoyenne du globe terrestre et féministe au cœur des enjeux  mondiaux pour un positionnement compétitif de l’Afrique à l’international et une évolution des droits des femmes et leurs conditions de vies.

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