Il fait partie des premiers soutiens d’Alassane Ouattara quand ce dernier se lançait en politique. Félicien Agbahi traversera une série noire ensuite de ce fait. Longtemps en attente d’une récompense politique, il atterrit aujourd’hui au Sénat.
Quand le Secrétaire général de la présidence Patrick Achi donne le nom des 33 sénateurs nommés par le Président de la République, Félicien Agbahi est hors de ses bureaux de conseiller à la Présidence, préoccupé par autre chose. Pourtant, c’est son nom qui ouvre la liste. Il en sera informé par Alcide Djédjé, qui lui envoie ses félicitations. « J’étais un peu perdu, je ne m’y attendais pas », nous confie-t-il. Tout en se préparant pour la rentrée solennelle du 12 avril, il passe en revue sa longue et difficile marche et savoure sa nomination comme la récompense d’un long engagement politique. Une nomination longtemps attendue selon lui, quand il décide de parler. Il portera fièrement son échappe de « Vénérable », comme il souhaite être appelé désormais.
Du désespoir à l’espoir Quand la crise politique s’accentue, autour des années 2000, les malheurs de Félicien Agbahi commencent. Interdit d’accès à son village « blockaus » ce cadre du Rassemblement des Républicains (RDR) porte sa croix jusqu’en 2010. « Ma mère, 76 ans à l’époque, a été enlevée et a failli être tuée juste parce que j’étais engagé auprès d’Alassane Ouattara. Elle n’aura jamais su pourquoi des personnes lui en voulaient », témoigne-t-il aujourd’hui, la voix étreinte. Après un passage au privé, ses responsabilités politiques lui ouvrent les portes de plusieurs cabinets ministériels (transport, tourisme, construction et de l’urbanisme), où il occupe diverses fonctions. En 2013, cet ex chargé de mission de la Présidence de la République et conseiller du Chef de l’État tente sa chance aux élections municipales de Cocody. L’expérience lui laissera un goût amer. Il ne remettra plus le couvert et caressera en secret le rêve d’être nommé à un poste de responsabilité plus politique. Félicien Agbahi, 63 ans, présent sur la scène politique depuis 1990, ne trouve plus la force nécessaire pour une bataille électorale dans une commune où il a été durant 5 années (1990 - 1995) conseiller municipal. Proche du ministre Amon Tanoh Marcel, qu’il considère comme son parrain politique, il était pressenti pour le poste de gouverneur du district avant qu’on ne lui préfère Robert Beugré Mambé. « Il a longtemps attendu ce poste et avait fini par perdre espoir » confie l’un de ses proches compagnons. Ex Président du cercle libéral du RDR, il se dit conscient de la nouvelle tâche sénatoriale à lui confiée et y voit une occasion de se « refaire une santé politique. »
Marie-Brigitte KOMONDI