Moins de 15 mois avant la présidentielle d’octobre 2025, les partis de l’opposition réfléchissent à une meilleure stratégie pour battre le RHDP au pouvoir depuis bientôt 15 ans.
Après les élections municipales et régionales de mars 2023, largement remportées par le Rassemblement des houphouetistes pour la paix et la démocratie (RHDP), parti au pouvoir, l’opposition cherche le tendon d’Achille de ce parti afin de le battre à la présidentielle de 2025. Une légère bataille de leadership s’est aussitôt ouverte entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples africains (PPACI). Venu en troisième position lors des élections régionales, le PPACI reste toujours convaincu que son candidat Laurent Gbagbo, retiré de la liste électorale, est le plus habilité à « réunir autour de lui » tous les partis de l’opposition. Ce que le PDCI ne partage pas.
Un appel sans lendemain ? L’appel de Bonoua lancé par l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo n’a pas donné d’écho favorable. Tant au sein des partis de la gauche, né après l’effritement du Front populaire ivoirien (FPI) que chez son rival-allié, le PDCI. En effet, la famille politique de Laurent Gbagbo reste profondément divisée et recoller les morceaux, n’est pas si évident. Entre une Simone Gbagbo qui n’a pas encore digéré son divorce, un Charles Blé Goudé à qui toutes les portes menant à Gbagbo sont fermées et un Pascal Affi N’Guessan qui se rapproche de plus en plus du RHDP, le chemin pour la réconciliation des partis de gauche est jonché de plusieurs obstacles. Et, ce n’est pas le mariage civil de Laurent Gbagbo annoncé pour le 8 août 2024, qui viendra arranger les choses.
La prudence Le PDCI pour sa part, préfère jouer la carte de la prudence. Avec à sa tête Tidiane Thiam, le plus ancien parti politique ivoirien pense avoir une « bonne carte » à jouer. Ce parti préfère ainsi garder son alliance avec le PPACI de Laurent Gbagbo mais préfère dans un premier temps compter sur ses propres forces avant d’envisager une alliance électoraliste en cas de second tour. Depuis, le parti refuse de se prononcer officiellement sur l’appel lancé par Laurent Gbagbo mais dans les coulisses, des cadres du parti indiquent que dans la configuration actuelle, le PDCI reste en pole position et il appartient plutôt au PPACI de les rejoindre. La configuration politique a légèrement changé et les militants ont beaucoup migré dans tous les sens. Cette situation rend incertains l’issue de la présidentielle à venir même si le RHDP croit en toutes ses chances face à une opposition unie ou en rang dispersé.
Yvan AFDAL