Devenue l’une des cibles privilégiées de certaines populations en colère, des gendarmes digèrent de plus en plus mal le silence assourdissant de leur hiérarchie. Entre respect des lois et protection de leur vie parfois ou de leurs biens, le choix devient de plus en plus difficile.
Après avoir été la cible d’attaques nocturnes, les gendarmes font face désormais à une autre forme de violence, les incendies de brigades suivis de pillages de leurs domiciles. Le cas le plus dramatique, survenu à Bloléquin (Ouest) et qui s’est soldé par la mort de l’un des leurs, a ravivé la colère au sein de ce corps d’élite. L’incendie de la brigade de gendarmerie de Mbahiakro (centre) ne devrait pas faire baisser cette colère. D’autant plus que, cette fois, les mis en cause sont des élèves qui ont pris soin de mettre à sac la brigade avant de l’incendier et de jeter dans les flammes le matériel roulant et des treillis.
Colère Les plaintes ne sont pas nouvelles. Depuis la fin de la crise, de nombreux gendarmes déplorent le fait d’être mal armés, surtout ceux exerçant à l’intérieur du pays. « Nous travaillons avec les moyens du bord. Et, en dehors du treillis que nous portons, il n’y a presque plus de différences entre les civils et nous », confie l’un d’entre eux sous anonymat. Selon lui, n’ayant pas de droit de revendication, c’est la mort dans l’âme que plusieurs gendarmes exerçant à l’intérieur du pays défient la mort presque tous les jours. « Cette situation agit négativement sur notre moral et a contribué à créer une sorte de défiance des populations vis-à-vis de la gendarmerie », poursuit-il. Mais, relativise un haut gradé de l’armée, des dispositions sont en voie d’être prises qui devraient permettre de mettre fin à ce genre d’attaques et de mieux doter les gendarmes en équipements de travail, afin qu’ils puissent exercer leur métier dans les règles de l’art. Cet officier révèle également qu’en plus de l’amélioration de leurs conditions de travail les gendarmes souhaitent une revalorisation salariale. Il ajoute que les sanctions prononcées contre certains gendarmes, qui, en violation des textes, voulaient créer un syndicat au sein de ce corps d’élite en 2008 et 2009, restent des exemples qui freinent toute les velléités au sein des sous-officiers et officiers de lever le ton. « Mais les choses sont plus compliquées qu’ils ne le pensent », tranche-t-il, en citant plusieurs Codes militaires et leurs restrictions.
Ouakaltio OUATTARA