En ébullition depuis le début de l’année, le climat sociopolitique se dégrade un peu plus chaque jour. Si la contestation a débuté avec les militaires, elle a atteint aujourd’hui toutes les couches socio-professionnelles.
Émaillées de violences, les contestations débutées depuis le début du mois de janvier paralysent une bonne partie des activités économiques, avec le risque de basculement sur le terrain politique. Les rumeurs les plus folles créent une psy- chose, rappelant aux Ivoiriens les heures troubles de leur passé récent. Il n’en fallait pas plus pour qu’une partie de la classe politique en profite pour régler des comptes.
Règlements de compte
Comme s’il attendait ce moment, Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), a appelé en fin de semaine dernière à une transition politique. Pour lui, la situation a atteint un point critique et « le président Ouattara doit démissionner, afin qu’un gouvernement de transition regroupant toutes les forces vives de la nation soit mis en place ». La réponse du berger à la bergère n’a pas tardé. « Qu’Affi N’Guessan expérimente d’abord la transition au sein de son parti», lançait Amadou Soumahoro, président du directoire du Rassemblement des houphoueëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP), le 23 janvier. Il accusait, dans la foulée, les responsables syndicaux d’être proches du FPI.
Main politique ?
Pendant ce temps, alors que l’on croyait la question militaire résolue, celle-ci refaisait surface avec des actions iso- lées de certains soldats. Si les tirs sporadiques se font de moins en moins entendre, ils témoignent du fait que les méthodes de protestations ont changé, avec des barrages sur d’importants axes routiers et la contamination de tous les corps, y compris celui des pompiers. « Il faut ouvrir les yeux, ça ressemble à des actions bien coordonnées et dont seuls ceux qui tirent les ficelles en connaissent le calendrier », estime un cadre du RDR, convaincu que des mains occultes se cachent derrière toutes ces actions. Pour l’heure, le gouvernement Amadou Gon Coulibaly, à peine formé, semble plus préoccupé à limiter les dégâts qu’à communiquer pour rassurer les Ivoiriens et les investisseurs. Un silence qui laisse planer des doutes sur les risques d’enlisement de la situation. Même si le RHDP a, par la voix de son porte-parole, Pascal Adjoumani Kobenan, indiqué que « tous ces mouvements n’ont pas de relent politique », le pouvoir semble marcher sur des œufs, et joue la prudence. Le tout dans l’attente d’une déclaration du président de la République Alassane Ouattara, une nouvelle fois en première ligne.
Ouakaltio OUATTARA