Le Parlement ivoirien traverse une crise sans précédent depuis bientôt trois mois. Depuis la rentrée parlementaire du 1er avril, qui devait être suivie de la constitution du bureau de l’Assemblée nationale, les choses sont bloquées. « L’opposition a décidé de paralyser l’appareil législatif. Nous sommes dans une bataille plus politique qu’institutionnelle », confie un député du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Un avis que ne partagent pas les députés de l’opposition, pour lesquels le nouveau Président de l’Assemblée nationale, Amadou Soumahoro, « foule au pied les règles élémentaires du bon fonctionnement de l’Assemblée nationale ». Deux mois après la rentrée parlementaire, aucun calendrier n’est disponible. « Nous pourrions aller de crise en crise et cela pourrait empêcher, en plus de l’installation du bureau de l’Assemblée, la participation des députés de l’opposition au vote des lois. Encore qu’il faudrait déjà pouvoir programmer les sessions », avertit Firmin Kouakou, politologue. Une situation inédite qui pourrait obliger le Président de la République à prendre directement des ordonnances ou des décrets pour certaines lois. « Nous n’en sommes pas encore à ce stade, mais c’est une éventualité à ne pas écarter », poursuit Firmin Kouakour. Cette crise pourrait aussi s’inviter aux assises de l’Assemblée des parlementaires francophones, prévues pour la première semaine du mois de juillet à Abidjan, soit dans un mois. En attendant que les médiateurs obtiennent gain de cause, les parlementaires en profitent pour prendre des congés.
Ouakaltio OUATTARA