L’année 2024 restera dans l’histoire comme celle d’une onde de choc politique sur le continent africain. En l’espace de 12 mois, cinq gouvernements ont été renversés par les urnes, un record inégalé. Du Botswana à Maurice en passant par le Sénégal, les électeurs ont exprimé leur ras-le-bol face à des gouvernements usés par la corruption, la mauvaise gestion économique et le népotisme.
Au Botswana, le Parti démocratique du Botswana (BDP), au pouvoir depuis l’indépendance en 1966, a subi une défaite historique, réduisant sa présence au Parlement à seulement quatre sièges. À Maurice, l’Alliance Lepep, dirigée par Pravind Jagnauth, a été balayée par l’opposition, ne conservant que deux sièges parlementaires. Le Sénégal a également marqué un tournant avec la victoire de Bassirou Diomaye Faye au premier tour, après des mois de tensions politiques et la libération controversée des leaders de l’opposition.
Ces changements ne sont pas le fruit du hasard. Une colère populaire, nourrie par l’inflation, la hausse des prix alimentaires et l’effondrement du pouvoir d’achat, a galvanisé les électorats. Dans certains cas, comme au Botswana, des coalitions de l’opposition ont réussi à unir leurs forces pour maximiser leur impact, tandis qu’à Maurice, une surveillance rigoureuse du processus électoral a renforcé la transparence.
Même dans des pays où les gouvernements ont conservé le pouvoir, comme en Afrique du Sud et en Namibie, l’autorité en place a vacillé. Pour la première fois, l’ANC en Afrique du Sud a dû former un gouvernement de coalition, cédant des postes stratégiques à d’autres partis.
Dans un contexte global de recul démocratique, l’Afrique s’est distinguée par sa résilience et sa capacité à exiger des comptes. Une leçon pour le monde entier : les citoyens, unis, peuvent redéfinir les contours de la gouvernance.
Siondenin Yacouba Soro