Le Premier ministre et candidat du RHDP Amadou Gon Coulibaly décédé, la question qui trotte sur toutes les lèvres est celle de savoir qui sera le candidat du pouvoir à l’élection présidentielle d’octobre prochain ? Et la candidature du Président Alassane Ouattara à sa propre succession est évoquée par bon nombre d’observateurs et au sein de son propre camp. Pourtant, il y a quelques mois, il annonçait qu’il ne briguerait pas de troisième mandat.
Il avait été très clair le 5 mars dernier à Yamoussoukro, devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis en Congrès extraordinaire. « Je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », affirmait-il. Un discours unanimement salué. Quatre mois après, avec le décès de son poulain, Amadou Gon Coulibaly, désigné comme candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) à la présidentielle d’octobre prochain, les choses se compliquent et pourraient le pousser à faire volte-face. « Le changement de contexte sert de justification au fait qu’il veuille revenir sur sa décision et se représenter. Il avait également déclaré que si son challenger principal, l’ancien Président Henri Konan Bédié, se présentait, alors il se présenterait aussi », commente le sociologue Francis Akindès. Pour d’autres observateurs, le Président Ouattara pourrait agir de la sorte afin d’éviter une guerre de succession au sein de sa formation politique. Car le choix d’Amadou Gon Coulibaly avait fait des déçus, qui ont pris leurs distances ou ont quitté le parti.
Tensions en vue ? S’il annonce officiellement sa candidature à cette élection, le débat autour de la constitutionnalité de celle-ci pourrait être lancé par l’opposition, le nombre de mandats présidentiels étant toujours limité à deux. Mais, dans le camp RHDP, on soutient mordicus que la nouvelle Constitution de 2016 remet les compteurs à zéro. En réalité, l’article 183 de cette Constitution stipule que la législation en vigueur avant 2016 reste applicable aujourd’hui. Ainsi, Alassane Ouattara ne peut pas briguer un troisième mandat. « Les risques de violences ne sont pas toujours loin des urnes en Côte d’Ivoire et une telle candidature pourrait en susciter. Mais, pour l’heure, il est difficile d’évaluer l’ampleur de ces risques », prévient l’analyste politique Sylvain N’Guessan. La date limite du dépôt des candidatures étant fixée au 31 août prochain, on sera situé très bientôt.
Anthony NIAMKE