A l’instar du général Philippe Mangou, Firmin Detho Letoh était au cœur du système sécuritaire du régime de Laurent Gbagbo. Son témoignage est donc très attendu à la Haye, où il comparait depuis le 7 novembre en tant que témoin à charge contre l’ancien Président ivoirien.
Le 30 mars 2011, au plus fort de la pression militaire sur le pouvoir Laurent Gbagbo, le général Firmin Detho Letoh, alors Commandant de l’armée de terre, s’apprêtait à faire défection. Refugié à la base de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et en attente d’un hélicoptère qui devait le conduire au Golf Hôtel, quartier général d’Alassane Ouattara, la rumeur de sa reddition avait fait le tour de la capitale. Joint au téléphone par un confrère, le général confirmera être en partance pour faire allégeance au candidat du RHDP, dont la victoire avait été reconnue par la quasi-totalité des observateurs des élections.
Carrière pleine C’est un homme riche d’une carrière de 35 ans sous les drapeaux qui atterrit ce jour-là dans un Golf Hôtel sous tension. Alors convalescent, selon certains proches, l’ancien élève de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr en France est nommé sur le tas Chef d’État-major adjoint des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), avec pour mission d’aider à la reconstruction de l’armée ivoirienne. Une armée qu’il connait sur le bout des doigts, pour y avoir passé une grande partie de sa vie. D’un tempérament froid et calme, il avait déjà en 1979, alors qu’il était caporal-chef, une vision assez claire de la carrière qu’il entendait mener au sein de la grande muette. Devenu lieutenant après 6 ans de service, le jeune officier n’entend pas s’arrêter là et multiplie les formations, notamment en France, où il obtient les brevets d’aptitude de troupes aéroportées, de techniques commando et de chuteurs en saut parachutiste à haute altitude, ou encore aux États-Unis, où il obtient un autre brevet de chuteur opérationnel, avant de revenir au pays pour intégrer l’Ecole des forces armées (EFA) et y suivre les cours d’État-major.
Fort de cette expérience, il devient Commandant du 1er bataillon de Commandos parachutistes de 2002 à 2005, puis Préfet de la région de Duékoué. Le général, féru d’arts martiaux (Ceinture noire 1ère Dan en Judo, 3e Dan en Taekwondo et 4e Dan en Shotokan), est promu Commandant des forces terrestres en 2009. Après deux ans de loyaux services sous les ordres de Laurent Gbagbo, son départ du dispositif de ce dernier créera une onde de choc au sein des militaires restés fidèles à l’ancien Président. À 61 ans aujourd’hui, le témoignage de ce retraité pourrait, à l’image de celui du général Philippe Mangou, être déterminant pour la suite du procès à la Cour pénale internationale (CPI).
Malick SANGARÉ